Pénurie de pharmaciens hospitaliers d’ici
L’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.) constate que les hôpitaux manquent de pharmaciens depuis plus d’une décennie.
François Paradis, le président de l’A.P.E.S. et sa directrice générale, Linda Vaillant, font actuellement une tournée des régions du Québec pour avoir le pouls quant à la pénurie de pharmaciens dans les établissements de santé. Ils étaient de passage en Outaouais dans la semaine du 21 au 25 janvier pour rencontrer les pharmaciens du Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Outaouais (CISSO). L’association avait également fait une tournée de l’Outaouais en 2016.
« Sur la base des postes existants, le taux de pénurie actuel est de 19% au Québec et de 26% en Outaouais », selon l’A.P.E.S. L’Outaouais n’est pas la région où la pénurie est la plus élevée. Certaines sont touchées avec 30% à 40% de pénurie, selon M. Paradis. Le manque de pharmaciens sera de plus en plus problématique selon l’association puisque les demandes en médicaments augmentent depuis des années et que la population est vieillissante.
Selon le président. un des problèmes est que pour pratiquer en soins aigus dans les établissements santé, il faut posséder une maîtrise en pharmacothérapie, un programme universitaire de deuxième cycle. Peu d’étudiants obtiennent un diplôme dans ce domaine -- 80 étudiants en pharmacothérapie terminent leurs études tous les ans au Québec. « Il faut faire connaître la profession aux étudiants en pharmacie », dit M. Paradis. De surcroît, les pharmaciens travaillant dans les hôpitaux doivent étudier plus longtemps que les pharmaciens communautaires.
Un pharmacien ayant terminé son baccalauréat et décidant de s’inscrire à la maîtrise a le droit à une bourse de 40 000 $ par année offerte par le ministère de la Santé. L’association aimerait bien que ce nombre de diplômés chaque année augmente à 90-100 personnes.
Lorsqu’il est question du salaire des pharmaciens communautaires par rapport à celui des pharmaciens hospitaliers, l’A.P.E.S. est arrivé, lors d’une négociation salariale précédente, à une « parité relative avec le milieu communautaire ».
Il y a deux volets à la pratique pharmacienne dans les hôpitaux : les services pharmaceutiques (recevoir les prescriptions des médecins, faire le sommaire du dossier, distribuer des médicaments) et les soins pharmaceutiques (les pharmaciens sur les unités de soins qui travaillent directement avec les équipes de médecins et infirmiers). La pénurie touche plus particulièrement à l’analyse pharmacologique puisque ce sont les services de base qui passent avant tout.
Au cours de la campagne électorale 2018, l’A.P.E.S. avait interpellé les partis politiques provinciaux pour qu’ils s’engagent à établir un plan d’action pour contrer l’insuffisance de pharmaciens. L’association n’avait pas reçu un engagement clair en ce sens de la part des partis politiques. Cependant, l’association prévoit une rencontre avec la nouvelle ministre de la Santé, Danielle McCann, dans les prochains mois.
Elle demande au nouveau gouvernement du Québec de « mettre en place un plan d’action intégré » et de fixer des cibles de rattrapage à long terme. Au cours des quatre prochaines années du mandat de la CAQ, celle-ci réclame également le recrutement de 400 pharmaciens dans les établissements de santé (250 pour des postes existants en soins de courte durée et 150 pour les besoins en CHSLD).
Ce recrutement de pharmaciens permettrait « d’assurer la prise en charge complète de la médication des patients » par les pharmaciens, allègue l’Association des pharmaciens des établissements de santé.
L’A.P.E.S. est un syndicat représentant approximativement 1600 pharmaciens dans les établissements de santé : les centres intégrés de santé et services sociaux (CISSS), les centres hospitaliers universitaires du Québec et les centres intégrés universitaires de santé et services sociaux (CIUSSS).