LETTRE
Projet Destination Vanier : réponse au Bulletin
Dans sa couverture de la présentation publique organisée pour promouvoir le projet Destination Vanier, la journaliste Hélène Périers déplore la faible présence citoyenne à cette occasion, y allant même d’une petite pointe d’ironie envers le citoyen moyen, moins enclin dit-elle « à venir échanger de vive voix qu’à se manifester sur les médias sociaux ». Il serait difficile de ne pas lui donner raison. Mais je ne peux m’empêcher de lui retourner la politesse, en soulignant que rien dans son article nous donne à croire que cette présentation en valait le déplacement.
En fait, pour l’avoir moi-même vécu à plusieurs reprises, ce genre de présentation nous condamne trop souvent à un jeu de dupes. Dans le monde actuel, on appelle cela un exercice de relation publique. Or, s’il y a une cause importante à l’origine du manque d’engagement civique que déplore la journaliste, c’est bien le fait qu’on ait trop facilement recours, particulièrement dans le monde municipal, à ce genre d’exercice promotionnel et de consultation factice, souvent avec l’aval, voire le soutien, des élus, pour faire accepter un projet d’importance par la population. On nous invite à venir discuter d’un projet, à consulter des plans et panneaux 3-D plus vrais que vrais, afin de nous donner l’illusion de pouvoir participer à le « bonifier », alors que les prémisses de départ sont faussées, et surtout inaltérables. Le citoyen en ressort frustré, renforcé dans sa méfiance vis-à-vis l’utilité des initiatives de consultation populaire, avec l’arrière-goût d’avoir contribué, par sa présence, à renforcer la légitimité d’un projet déjà ficelé.
Pour qu’une séance publique soit utile et bénéfique sur le plan civique, il faut que le cadre et les règles d’engagement, au départ, soient clairs. Quels étaient le cadre et les règles ici? La journaliste ne le dit pas. Que pouvait attendre le citoyen de sa présence et de ses interventions? La journaliste ne le dit pas. Qu’est-ce qui s’offre aux citoyens pour intervenir de façon significative pour la suite des choses? La journaliste ne le dit pas. On nous dit que l’utilisation de matériaux régionaux, durables et recyclés sera «privilégiée». Dans quel ordre d’importance? Le même que le prétendu éco-quartier Connaught? Après avoir inutilement rasé l’importante bande de conifères qui longeait la rue Vanier, on nous annonce la plantation de 300 arbres, et la possibilité d’avoir notre mot à dire sur les essences sélectionnées. Une contribution citoyenne exceptionnelle, il va s’en dire!
Les efforts d’ouverture des promoteurs que souligne Mme Périers donnent à penser que cette initiative résulte d’une démarche spontanée et désintéressée de leur part. Vraiment? Ne s’agit-il pas plutôt d’un exercice imposé par le mécontentement citoyen et d’une tentative de rattrapage des promoteurs vis-à-vis l’opinion publique? Né dans la controverse, ce projet demeure un échec annoncé sur tous les plans, aussi bien social, environnemental qu’économique, enfermé dans un schème de développement dépassé. Ce n’est pas moi qui le dit cette fois, mais Mme Périers, dans un paragraphe lapidaire qui résume à lui-seul l’unique enjeu à la source de cette séance : « Malgré tous les aspects dignes d’intérêt susmentionnés, il ne se dégage rien de flamboyant de ce projet, somme toute peu novateur. On reste dans la lignée traditionnelle des SmartCentres.»
Nicolas Garant
Terrasses Lakeview,
Aylmer