LETTRE
Réponse à Paul Morissette
Dans sa lettre du 26 juin, M. Paul Morissette s’en prend aux propos de M. Bill Clement, une semaine plus tôt. J’imagine que M. Morissette était heureux de voir les racines séparatistes de François Legault remonter à la surface avec le projet de loi sur la laïcité, et n’a pas apprécié les critiques de M. Clement. Bon, les séparatistes ont besoin d’encouragements de nos jours face à un mouvement qui a du gros plomb dans l’aile.
J’ai été aussi frappé par un des points de M. Morissette : il prétend qu’on voit comme antidémocratiques les mesures prises par le gouvernement alors qu’on a pas de problème à s’en remettre aux décisions de juges non élus dont la tâche consiste à imposer les concepts d’une Constitution que le Québec n’a pas signée et qu’on voit comme démocratique.
Soyons soulagés que les juges ne soient pas élus. Être ainsi à la remorque de la saveur politique de l’année aurait des conséquences très graves. Aujourd’hui dans le monde on voit de plus en plus de gouvernements populistes de droite qui menacent les piliers fondamentaux de la société et où on s’approche dangereusement de la démagogie. De bons exemples se retrouvent maintenant en Pologne, en Hongrie, en Turquie et aux Philippines où les droits de la personne sont bafoués de plus en plus.
Plus près de nous, un récent sondage montre que 18 % des jeunes de moins de 30 ans aux États-Unis accepteraient d’avoir un gouvernement militaire dans ce pays que certains appellent « la plus grande démocratie du monde ». Peu, au Parti Républicain Américain, osent critiquer les écarts et les politiques de Donald Trump qui admire des dictateurs comme Poutine. Le Roi Trump tente souvent d’ignorer les lois de son pays. Il attaque des juges quand ils ne se plient pas à sa vision des choses et qu’ils refusent d’interpréter les lois comme lui. La vision Trump fait peur, d’autant plus qu’elle a encouragé des groupes racistes à sortir de leur trou, L’’incident de Charlottesville rappelle la triste et violente histoire des droits de la personne aux É.-U.
Au Canada, on serait naïf de croire qu’on est à l’abri de ce qu’on voit ailleurs. Je suis donc heureux d’avoir ici des tribunaux forts et non élus. Ils sont en fait le meilleur garant de notre démocratie. Comme disait le président de la Cour suprême des Etats-Unis: la loi doit être le maître de la Cour – et non l’inverse. Nos cours préservent l’état de droit même si des séparatistes comme M. Morissette n’aiment pas des décisions.
Les séparatistes ne seront probablement jamais heureux au sein du Canada, que le Québec ait signé la Constitution ou non.
V. Martin,
Aylmer