Survie des médias : les GAFA montrés du doigt
Les géants du Web, qu’on appelle communément les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont été beaucoup critiqués lors des cinq jours de commission parlementaire à Québec la semaine dernière. Les médias d’information affirment que ceux-ci avalent les revenus publicitaires. Ils demandent l’aide de l’État qui, lui, veut attendre avant de taxer les entreprises de la toile.
Les journaux perdent de plus en plus de recettes publicitaires, qui sont leur principale source de revenus, aux mains des GAFA. Le Bulletin d’Aylmer, inclus dans l’Association des journaux régionaux du Québec, souffre également de ce phénomène.
« Elles (les agences de publicité au Québec) se sont jetées dans les bras des GAFA carrément. » avance Benoit Chartrier, président d’Hebdo Québec. « Elles ont laissé tomber les médias traditionnaux du Québec. »
La députée de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, souligne qu’en imposant une taxe de 3 % à Facebook, le Québec retirerait 20 millions de dollars. À Ottawa, on aurait encaissé 86 millions en 2018, d’après elle.
Selon le Centre d’études sur les médias, les revenus publicitaires des médias ont diminué de 29 % de 2012 à 2017. Pendant ce temps, ceux des GAFA ont été multipliés par 2,2 et ils obtenaient 40 % du marché publicitaire en 2017.
Les députés de l’opposition ont à maintes reprises dénoncé que des représentants de ces plateformes numériques n’aient pas été invités à témoigner à L’Assemblée nationale.
La mairesse de Saguenay, Josée Néron, s’adresse aux élus fédéraux afin qu’ils taxent les GAFA. « Mettez vos culottes et agissez pour qu’on puisse aller chercher les taxes là où elles se trouvent maintenant avec les nouveaux modèles qui se sont développés ces dernières années. »
La journaliste de La Voix de l’Est, Marie-Ève Martel, souhaite que l’État affiche ses publicités dans les médias locaux.
« Évidemment, j’encourage le gouvernement du Québec à poursuivre ses investissements publicitaires dans les médias d’information québécois afin de donner l’exemple aux entreprises privées qui les ont délaissés au profit des GAFA. Il m’apparaît contradictoire de prêcher pour l’achat local sans être conséquent à ce sujet. »
Sylvie Goneau, directrice générale de la QCNA (Quebec Community Newspaper Association) se sent impuissante face aux fermetures de journaux communautaires. « C’est toujours préoccupant quand on voit des journaux fermer et quand on voit des communautés complètes qui cessent d’être informées, car elles n’ont plus de médias locaux. À la QCNA, on se sent souvent sans pouvoir devant les décisions gouvernementales. Aujourd’hui, c’est l’occasion de présenter à la commission des solutions qu’on croit favorables. On nous donne finalement l’occasion de pouvoir se prononcer et d’expliquer la situation et d’offrir des pistes de solution au gouvernement. »
«Les communautés anglophones sont souvent seules et isolées », poursuit-elle. « Les nouvelles locales sont souvent la seule manière de se brancher à la communauté et aux autres personnes qui partagent leur culture et leur langue. Quand on voit un journal communautaire anglophone fermer, on peut être assuré qu’on vient d’isolercomplètement une partie de la population de cette ville. »
L’option de la Confédération des syndicats nationaux et de la Fédération nationale des communications (CSN-FNC) est d’imposer une taxe de 1% sur l’achat d’appareils électroniques munis d’un écran.
« La raison principale pour laquelle on fait ces achats, c’est pour avoir accès à du contenu. Or, le contenu, il n’est pas gratuit, », dit la présidente de CSN-FNC, Pascale St-Onge.
Le premier ministre du Québec, François Legault, souhaite taxer les GAFA « avec Ottawa ».
« Le gouvernement du Québec, par ses taxes et impôts, peut décider de faire à peu près ce qu’il veut, mais ce n’est pas souhaitable de le faire sans le gouvernement fédéral. Ce serait idéal de le faire avec l’ensemble des pays du G7. Est-ce qu’on pourrait le faire unilatéralement? Je pense que oui. Est-ce que c’est souhaitable ? Non. », a-t-il dit en mêlée de presse.