À Aylmer :
Table ronde sur la solidarité entre autochtones et québécois
À l’occasion de la parution du dernier numéro des Nouveaux cahiers du socialisme intitulé “Autochtones et société québécoise. Combattre ensemble”, la librairie Michabou a organisé le 29 septembre une table ronde avec Anahi Morales Hudon, professeure en innovation sociale à l’université St-Paul et à l’université d’Ottawa , Brieg Capitaine, professeur de sociologie, et Darren O’Toole, professeur de droit.
Outre les universitaires, cette parution est l’œuvre d’un collectif de syndicalistes, de militants autochtones et de militants de Québec solidaire. Anahi Morales Hudon a souligné qu’il est rare que ces questions soient traitées en français, d’ailleurs plusieurs militants autochtones sont ici traduits pour la première fois.
Brieg Capitaine a rappelé les points de convergence des mouvements nationalistes québécois et autochtones dans les années 70 autour des projets de société du Parti Québécois. Après s’être éloignés, on assiste de nouveau à une convergence des luttes pour la reconnaissance des droits de tous. Par exemple, il voit dans les luttes environnementales la reconnaissance des droits des autochtones --- un thème rassembleur avec les groupes écologistes québécois.
Darren O’Toole, a insisté sur la définition de « métis » qui en français réfère à un agrégat d’individus mixtes alors qu’en anglais ce serait plutôt un synonyme de « peuple » pour les autochtones. Pourtant, les lois canadiennes de 1982 et de 2003 définissent les métis et leurs droits. Nonobstant la langue, O’Toole rappelle que les autochtones sont vus en général comme ceux qui posent problème dans l’accès aux ressources et au territoire. Par enchainement, il démontre que le nombre de ceux qui se revendiquent métis est à la hausse, dans le but de revendiquer des terres. Il conclut qu’on assiste présentement à une tentative du vol de leur identité.
Anahi Morales Hudon s’intéresse aux collaborations entre les mouvements sociaux. Elle s’interroge sur ce qu’est un « bon allié » et sur les rapports de pouvoir qui apparaissent lors de discussions. Elle constate qu’il existe un fossé entre le discours sur la solidarité et la pratique de la solidarité. Même si Idle No More a su fédérer les mouvements étudiants et féministes, elle s’interroge sur les rôles de reproduction des rapports coloniaux. Passant de minoritaires à majoritaires au Québec, les français n’ont-ils pas reproduits avec les autochtones ce que les anglais leur avaient fait subir? S’éduquer, lire, agir, écouter et se questionner semblent, selon elle, les pistes à suivre pour ne pas s’embourber dans ces ornières. Il ne faut pas non plus traiter les phénomènes en silos «colonialisme»/ «sexisme»/ «patriarcat», mais de manière globale en essayant de comprendre « le traitement des femmes autochtones » à l’intérieur duquel s’articulent toutes ces dimensions, par exemple.
Les échanges entamés autour de la table ronde se sont poursuivis autour d’un vin et fromage animé ; l’équipe de Michabou promet de réitérer prochainement cette expérience.
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