ÉDITORIAL
Trudeau est bien un Canadien comme les autres!
La grande affaire! Autoriser le passage d’un oléoduc : compétence fédérale ou provinciale? Pendant que le débat fait rage, que nos experts en droit constitutionnel se déchirent, que les premiers ministres provinciaux y vont de leur petite phrase, nous oublions l’essentiel. L’esprit obscurci par ce rideau de fumée polluante, nous oublions de questionner le choix des énergies fossiles comme énergie du futur! Nos gouvernements ne sont pas à une contradiction près : se poser en défenseurs acharnés de l’environnement aux grandes tribunes internationales et avant les élections, mais continuer de promouvoir les énergies et les industries polluantes. C’est la fameuse « transition énergétique » de M. Trudeau.
Alors que l’Organisation maritime internationale mondiale signe un accord afin de réduire d’au moins 50 % les émissions de CO2 du transport maritime, en proscrivant l’emploi du mazout semi-solide comme carburant ; alors que l’UE atteint ses objectifs des Accords de Paris, que la Nouvelle-Zélande interdit tout nouveau forage pétrolier dans ses eaux et que la Chine devient leader mondial de l’investissement dans les énergies renouvelables, que faisons-nous au Canada? Nos plus hauts dirigeants, au palier fédéral, défendent l’accroissement de la production de pétrole issu des sables bitumineux, reconnus comme étant une véritable catastrophe environnementale (son extraction entraine la destruction DÉFINITIVE des sols exploités et encourage la consommation des produits à base de pétrole, tout en risquant une pollution majeure en cas de déversement)… et prennent nos impôts pour subventionner à coup de dizaines de millions de dollars cette industrie chaque année.
Vous remarquerez que j’établis simplement les faits. Je n’ai pas tiré de conclusion ou catalogué nos responsables politiques. Voici les arguments des libéraux, des Albertains et de l’industrie pétrolière en faveur de cet oléoduc: 1. Nous allons ainsi améliorer la qualité des produits pétroliers sur le plan environnemental et aider à la transition énergétique – expression chère à Trudeau qui signifie « je laisse le problème à mes enfants ». Donc, en gros, l’argent gagné en polluant sert à dépolluer? 2. Nous allons plomber l’économie canadienne si nous ne permettons pas à Kinder Morgan de développer ses structures d’acheminement du pétrole, parce que trop d’emplois sont en jeu et cela découragera les investisseurs étrangers. Si 20 % de notre PIB provient du secteur de l’extraction minière, gazière et pétrolière (la part de Kinder Morgan là-dedans?), le Canada n’est-il terre d’opportunités qu’à cause de son pétrole? Un peu insultant, non? 3. Notre consommation énergétique ne nous permet pas d’ignorer cet approvisionnement. Nous sommes les deuxièmes plus grands consommateurs d’énergie après les É-U. Un peu évident, puisqu’on n’investit que dans des ressources non renouvelables. C’est le serpent qui se mord la queue. 4. Il est certain que le pipeline est sécuritaire. Oui, jusqu’au premier déversement… Et une telle déclaration n’engage en rien de toute façon. 5. Le Canada investit déjà tellement dans la protection des océans. Cela autorise-t-il une telle prise de risque?
Franchement, j’ai beaucoup de mal à comprendre la véhémence de Trudeau, qui propose carrément de racheter le pipeline ou dédommager la pétrolière en attendant, toujours avec nos impôts! Pensait-il que le refus de réaliser Transmountain d’Énergie Est allait naturellement rendre Kinder Morgan admissible? Est-il acquis à la cause des pétrolières? Nous a-t-il caché ses convictions? Ou n’en a-t-il aucune? Au fond, il est comme tous les autres nord-américains : il défend l’environnement si cela ne le bouscule pas trop dans ces habitudes, que cela ne lui coûte rien, et qu’il peut continuer son train de vie. Vas-y mon homme, achète donc le nouveau F150, un bateau pour l’été et un skidoo pour l’hiver!