ÉDITORIAL
Un bon point ou mal en point?
J’aurais pu profiter de l’annonce par le ministre Barette il y a deux semaines de l’ouverture d’un campus satellite de la fac de médecine de l’université Mc Gill pour (re) parler de la santé dans notre belle région de l’Outaouais. Souvent, les réactions à chaud sont néfastes, trop chargées d’émotions. Où en sommes-nous à ce propos aujourd’hui, en octobre 2016? Qu’en pensez-vous?
Notre souci en tant qu’être humain est de pouvoir nous faire soigner quand c’est nécessaire et sans délai; éventuellement d’avoir un suivi après cela, dépendant de la maladie ou de la blessure. Certains pourraient ajouter que si chacun d’entre nous (femme ou homme, enfant ou vieillard) pouvait avoir accès à un médecin ou à une (vraie) super infirmière, avec les tests médicaux adéquats, au moins une fois par an, cela préviendrait un grand nombre de problèmes et couterait moins cher au système. Surtout avec le désinvestissement progressif du gouvernement fédéral dans la santé : les fonds redistribués aux provinces par Ottawa vont continuer d’augmenter, mais seulement de 3 %, au lieu des 6 % habituels, alors que Québec prévoit une augmentation de 4,8 % des dépenses. Et le vieillissement de la population ne va pas arranger la situation.
Bref, pour revenir ici-bas, si vous vous questionnez honnêtement, la réponse est claire : non, cela ne va pas mieux au quotidien; toujours aussi difficile d’avoir un médecin de famille – je ne parle pas de voir un spécialiste – de se faire soigner, à moins d’arriver aux urgences sur une civière! Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, plus que les soins, on devrait surtout se soucier de la santé des gens avant que les problèmes n’apparaissent. Et tant Le Droit, La Presse que La Revue se sont penchés là-dessus ces dernières semaines, après que l’Institut de la statistique du Québec a dévoilé sa dernière enquête.
Tabagisme, drogue et obésité, le trio caractéristique de notre région est toujours au rendez-vous. La seule bonne nouvelle est que la consommation de cigarettes a amorcé une baisse (- 5 %); pour le reste, nous sommes nettement au-dessus de la moyenne québécoise et en hausse, surtout en ce qui concerne les drogues. Quant à l’obésité (synonyme de maladies chroniques extrêmement coûteuses au système) et à la détresse psychologique, ce sont de véritables plaies qui vont s’aggravant chaque année.
Donc, il nous faudrait plus de médecins? M. Barette serait heureux de pouvoir répondre que ça tombe bien : le nombre de médecins en Outaouais a grimpé de 16,2 % entre 2010 et 2014, en oubliant de dire que l’on reste en queue de peloton au Québec, avec 1,7 médecin pour 1000 habitants. Est-ce alors plutôt une question de répartition des ressources médicales, d’organisation des services, bref de gestion? Le CISSSO clame que son bilan est positif, mais c’est largement discutable sur le terrain et humainement parlant : les services à domicile en ont pâti par exemple. Ou bien doit-on mettre en cause la situation sociale des Gatinois, c’est-à-dire leur niveau d’éducation, de pauvreté et leur taux d’emploi? Aylmer en est un bon échantillon, nous avons les deux extrêmes, une partie de la population très aisée et l’autre en grande difficulté… Pourtant le parc de la Gatineau offre de belles activités d’extérieur tout au long de l’année. Mais, plus près de chez nous, comment favoriser encore davantage les activités physiques, comment lutter contre la sédentarité? Peut-on lutter contre l’attraction que constituent les Netflix et autres consoles de jeux de ce monde? Peut-être, comme beaucoup le disent, cela dépend-il en fin de compte de l’éducation que l’on reçoit.