Santé, éducation, relations avec les anglos
Un entretien avec le député de Pontiac, André Fortin
À la suite de la suspension des activités parlementaires à l’Assemblée nationale du Québec ,pour la saison estivale, le Bulletin d’Aylmer s’est entretenu avec le député du Pontiac et porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et de santé publique, M. André Fortin, pour connaître son point de vue sur la période transitionnelle que vit le Parti libéral du Québec, ainsi que ses préoccupations relativement à divers enjeux d’envergure depuis l’élection du gouvernement de la CAQ.
Au sujet de la période de transition du Parti liberal
« C’est certain qu’il y a quelques difficultés en lien avec le fait d’avoir un chef intérimaire. L’organisation est encore bonne, mais, parfois, c’est plus difficile de s’orienter vers un même enjeu, que ce soit l’environnement ou bien les services en santé et de décider comment on le fait. C’est le genre de sujets qui se débattent souvent lors d’une course à la direction du parti et qui deviennent plus concrèts après la nomination d’un chef. »
« D’ici un an, quand le parti aura élu un chef, tout ça devrait se régler, mais, en attendant, ce n’est pas comme si le Parti libéral n’avait pas une identité. Tout comme pour le Parti Québécois, les gens savent toujours à quoi s’attendre du Parti. On est avant tout un parti économique, ouvert sur le monde, qui va défendre les droits des minorités . »
Dossier de la santé
En santé, il admet que le gouvernement a fait de bons coups en « donnant plus de pouvoir aux infirmières » et en « donnant aux pharmaciens le pouvoir d’administrer des vaccins », des mesures, dit-il, qui augmentent l’accès des citoyens aux soins.
Par contre, il soutient tout de même que, malgré ces améliorations, les listes d’attentes pour les médecins de famille se sont prolongées et que les négociations entre le ministre de Santé et les fédérations de médecins doivent s’accélérer pour éviter le plus possible les ruptures de service en soins et en chirurgie.
« C’est quelque chose qu’il va falloir régler rapidement. Des femmes du Pontiac doivent se rendre à Gatineau pour accoucher, c’est une situation dangereuse qu’on veut éviter et qu’on doit régler rapidement. »
Un autre dossier en santé qui préoccupe beaucoup M. Fortin est celui du nouveau l’hôpital promis à l’Outaouais par la CAQ, en campagne électorale, qui semble, selon lui, être tombé à l’eau.
« La CAQ s’est donnée jusqu’à la fin juin pour présenter un plan d’action. On est à la fin juin sans rien connaitre de plus à ce sujet. »
« C’est une promesse majeure et on dirait qu’elle est tombée à l’eau. On parlait d’un hôpital complet et, à présent, on pense plutôt ajouter plus de lits aux hôpitaux existants. »
Dossier de l’éducation
Avec la croissance continue de la population aylmeroise, M. Fortin dit que l’annonce d’une nouvelle école primaire dans le secteur est « un bon début », mais que la CSPO attend toujours des réponses pour l’agrandissement de six écoles.
En ce qui concerne les maternelles quatre ans, le député du Pontiac soutient que, pour le moment, « on manque d’espace et on manque de profs » rajoutant que les estimations des coûts par classe pour le programme proposé par la CAQ ont sauté de « 150 mille dollars par classe à près d’un million de dollars par classe. »
« S’il y six agrandissements d’environ six classes par école, ce sont des coûts de 36 millions de dollars. C’est une belle promesse et l’idée n’est pas mauvaise, mais, dans les faits, on a promis quelque chose à 150 mille dollars par classe qui risque que coûter plus de 6 fois plus cher aux contribuables . »
L’estimation actuelle du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, est de 800 mille dollars par classe.
Sur les deux bâillons en fin de session
« On a fini la session avec deux bâillons, sur l’immigration et sur la laïcité. J’ai toujours pensé que le rôle du député de Pontiac, entre autres, est de représenter les communautés en situation minoritaire, que ce soit les anglophones ou bien les communautés ethniques et religieuses. »
« En fin de semaine (du 15 et 16 juin), la CAQ a suspendu la Charte des droits et libertés et porté atteinte aux droits de plusieurs citoyens. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui se sont réveillés en se sentant beaucoup moins confortables chez eux . »
« On a besoin de plus de main d’œuvre, et on renvoie plus de 50 mille dossiers d’immigration à la case de départ. C’est beaucoup de personnes qui vont devoir recommencer à zéro, plusieurs qui habitent déjà ici, qui vont devoir repenser leur avenir en se demandant si ça vaut la peine de rester au Québec plutôt qu’en Ontario ou quelque part d’autre au Canada »
En fin de semaine du 15 et du 16 juin, les parlementaires ont dû siéger obligatoirement, en raison de l’imposition de deux bâillons vivement contestés par l’ensemble des partis d’opposition, pour faire adopter la réforme de l’immigration du gouvernement caquiste ainsi que le projet de loi sur la laïcité. Ce dernier interdira les signes religieux aux employés de l’État en situation d’autorité, dont les enseignants et les enseignantes d’institutions scolaires publiques.
Le bâillon est une procédure qui vise à faire adopter un ou plusieurs projets de loi, en restreignant la durée du débat et, par conséquent, le temps de parole des députés qui souhaiteraient le contester.