LETTRE
Un printemps à oublier
Le gouvernement vous dira – officiellement – que les choses se portent plutôt bien. Il vous dira qu’il a équilibré son budget et que sa cote de crédit a été remontée. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à féliciter le ministre Leitao pour ces réalisations.
Mais il demeure que ce gouvernement est animé par la même philosophie que tous les gouvernements qui l’ont précédé depuis les dernières décennies, c’est-à-dire la gestion de l’État en fonction des groupes d’intérêts, des syndicats ou des associations professionnelles bien souvent au détriment de ceux qui en déboursent les frais : les contribuables québécois.
Les exemples s’accumulent. Au ministère des Transports du Québec, le gouvernement n’exerce aucune imputabilité auprès des fonctionnaires qui se sentent bien à l’aise d’accorder des contrats de gré à gré juste en deçà de la limite permise. Imaginez, des gens payés par nos taxes et impôts sont soupçonnés d’éviter sciemment les règles d’octroi de contrats publics justement mises en place pour que le contribuable en ait plus pour son argent. Les agissements de la sous-ministre Dominique Savoie dans ce dossier auraient suffi pour lui faire perdre son emploi dans n’importe quelle entreprise privée. Pourtant, au gouvernement, on a jugé bon de la rapatrier au ministère du Conseil exécutif, le ministère du premier ministre.
Il ne s’agit pas du seul dossier mal géré par le ministre des Transports, Jacques Daoust. Voilà plus de deux ans que l’entreprise Uber s’est implantée au Québec. Pendant deux ans, le gouvernement s’est obstiné à vouloir réglementer cette industrie à travers le prisme étroit des chauffeurs de taxi et le monopole qu’ils exercent sur notre province depuis des décennies. Ce monopole qui a permis à l’industrie de continuer à fonctionner sans égard aux consommateurs trop souvent confrontés à des prix trop élevés, des pénuries, des voitures sales et des chauffeurs impolis refusant la carte de crédit. Heureusement, le premier ministre Couillard et la CAQ ont vu juste en forçant la main au ministre qui a cédé à l’idée d’un projet pilote qui démontrera, sans l’ombre d’un doute, ce que l’on sait déjà, c’est-à-dire que la compétition est saine et fera profiter le consommateur québécois.
Un autre exemple d’intérêts particuliers qui priment l’intérêt des contribuables : Bombardier. Non, il ne va pas de soi qu’on doit subventionner à coups de milliards les entreprises de chez nous pour « préserver » et « défendre » nos acquis, surtout lorsque le rendement sur ces fonds « investis » laisse généralement à désirer. La responsabilité du gouvernement consiste plutôt à créer un environnement économique compétitif dans lequel les entreprises actuelles pourront prospérer et de nouvelles entreprises créatrices d’emplois verront le jour. L’histoire montre que cela passe typiquement par des impôts plus bas et moins de réglementations, bref, moins de bâtons dans les roues. Il est clair que le ministre Daoust adhère plutôt à une idéologie interventionniste dépassée, une façon de faire qui appauvrit le Québec et le place en situation de dépendance depuis trop longtemps.
Normalement, on pourrait croire que le parti qui forme l’opposition officielle au Québec traiterait ces dossiers de façon assidue et continue. Mais non.
Le Parti québécois est occupé à débattre de mécanique référendaire et de souveraineté dans le contexte d’une nouvelle course à la direction. C’est dire à quel point le paysage politique québécois est déconnecté et mal équipé pour débattre des enjeux auxquels font face les contribuables québécois. Entretemps, la CAQ devra continuer d’assumer son rôle d’opposition officielle officieuse à Québec.
Bref, la dernière session parlementaire est à oublier pour le gouvernement. Il n’est cependant pas trop tard pour se ressaisir alors qu’il entame la deuxième moitié de son mandat. Nous espérons que ses efforts de rigueur budgétaire profitent éventuellement aux Québécois sous forme de baisses de taxes et d’impôts. Alors que notre taux marginal d’imposition fracasse des records nord-américains, ce serait la moindre des choses.
Carl Vallée, Directeur
L’ association des contribuables québécois