ÉDITORIAL
Un progressisme… conservateur?
Il est rare que je lise les commentaires des uns et des autres sur les « posts », dans les médias sociaux. Il y en a trop et la qualité est tellement variable que je considère cela comme une perte de temps. Peu d’analyse et trop d’opinions et de préjugés ne font pas bon ménage.
Mais là, j’ai fait une exception. Les publications sur M. Taillefer, le fameux « dragon » qui donne son nom à l’école de gestion du cégep Garneau, à Québec, ont attiré mon attention. Cliquant dessus, je me suis rendu compte qu’il y avait des dizaines de commentaires qui suivaient. Une sorte de thermomètre de l’ambiance à quelques mois des élections provinciales, à un moment où le PLQ tire de l’arrière dans les sondages ; où les rats (comprendre : les ministres qui ne se représenteront pas) quittent le navire et où la CAQ semble rester le seul choix, tant Québec solidaire et le PQ sont loin derrière, pour l’instant, toujours selon les mêmes sondages…
L’image montrait Alexandre Taillefer jouxtant une petite phrase qui justifiait sa candidature au poste de président de campagne pour le PLQ d’ici à novembre prochain : « Les positions progressistes de monsieur Couillard me rejoignent ». À Radio-Canada, il avait ajouté que son premier élan avait été de rejoindre Québec Solidaire! À côté de cette citation venait une liste des décisions des libéraux ces dernières années : 1 milliard en éducation, les collations dans les CPE, l’aide aux devoirs dans les écoles : coupés; le transport adapté aux handicapés, les douches dans les CHSLD, les médecins à domicile : coupés; inversement : protection des paradis fiscaux, milliards distribués aux médecins à certaines industries parmi les plus polluantes (cimenteries, minières, etc.), j’en passe et des meilleures.
Si M. Taillefer considère cela comme « progressiste », il faudrait peut-être s’entendre sur ce que signifie ce terme. Étymologiquement, « progressus » signifie « action d’avancer ». Le mot désigne depuis sa création en 1930 un courant de pensée pour lequel la transformation des structures sociales et politiques peut être accomplie au nom d’une plus grande justice sociale et pour l’amélioration des conditions de vie. Sous-entendu : l’être humain est capable de progrès moral et l’Histoire peut avancer pour le mieux, avec l’aide de réformes sociales adéquates et grâce aux lumières des sciences et de la philosophie. Je me suis permis de souligner quelques expressions clefs, à défaut de développer une comparaison avec l’approche de M. Couillard et de ses amis libéraux. Je crois que vous pouvez par vous-même en évaluer l’écart.
Cependant, le plus intéressant de ma visite sur les médias sociaux se trouvait dans les commentaires. S’ils constituent un échantillon plus ou moins représentatif de la population, alors pour les Québécois, le PLQ est synonyme de corruption, parce que c’est le mot qui revenait le plus… Avec « collusion », « clientélisme », « magouilleux », « crosseur », « Pouvoir de L’argent au Quotidien », « parler des deux bords de la bouche », etc. Ce sont des réactions à chaud, parfois de gens rapides à écrire ce qui lui leur passe par la tête, mais cela donne le ton. Alors, voterez-vous malgré tout par habitude pour ces conservateurs déguisés en progressistes? Ou pour la CAQ, ces conservateurs qui, au moins, s’assument tels quels.