ÉDITORIAL
Un verre de lait, c’est bien…
Commençons nos bonnes résolutions 2019 par l’alimentation. Plus particulièrement, le lait. En Amérique du Nord, comme le bœuf, dont il est le corollaire, c’est une religion. Ces deux produits de l’élevage intensif, ces fleurons de l’agriculture d’ici, sont hyper polluants (25 % des gaz à effet de serre dans le monde). Mais restons sur le lait.
Il semblerait que le plus récent Guide alimentaire canadien, à paraître plus tard cette année, ait supprimé la catégorie « produits laitiers » pour ne plus retenir que celle des « aliments protéinés ». Les Producteurs laitiers du Canada s’insurgent évidemment : après la baisse des quotas laitiers consécutive au nouvel accord commercial Canada/Mexique/États-Unis, c’est un autre coup dur.
Ceci dit, à parler franchement, cette mesure est totalement justifiée, n’en déplaise à tous les buveurs de « deux verres de lait, c’est mieux ».
Les produits laitiers seraient le meilleur moyen pour apporter du calcium à notre organisme. Pourquoi? Oui, ils sont plus accessibles dans notre société, assez variés (yaourts, fromages, lait, etc.), relativement économiques, contiennent aussi d’autres nutriments et font partie de notre culture (en grande partie du fait de la pression de l’industrie, comme pour le sucre). Mais si l’on remarque que les gens qui n’en consomment absolument pas ont souvent un déficit en calcium, c’est qu’elles n’en recherchent pas ailleurs… Pourquoi ne pas boire du lait de soya enrichi ou du jus d’orange, manger plus de tofu ou de haricots?
Les nutritionnistes suggèrent que seulement la moitié de notre apport en calcium et vitamine D provient des produits laitiers. Et encore, ils ne s’entendent pas toujours sur notre besoin quotidien (ex. : pour l’OMS, 400 à 500 mg serait suffisant pour prévenir l’ostéoporose; un verre de lait en contient 300 mg alors qu’une tête de brocolis comble ce besoin intégralement).
Toujours selon la croyance commune, le lait serait nécessaire pour la bonne santé de nos os à long terme. En réalité, le calcium contenu dans le lait n’est qu’un élément parmi d’autres pour solidifier nos os. Comparativement, l’hérédité y compte pour 70 à 80 %. Ajoutez-y la vitamine D (qui n’est pas naturellement dans le lait), l’exercice physique ou la consommation de fruits et légumes...
Parallèlement, on oublie de rappeler les effets du lait, telles que les allergies – 80 % de l’humanité y est génétiquement intolérante. Le lait est à l’origine un aliment prévu pour permettre au veau d’atteindre l’âge adulte en un an. Il est donc anormalement riche, non adapté à notre espèce. On a tout simplement un peu trop rapidement confondu le lait maternel humain à celui de la vache.
En réalité, quantité de faits prouvés sont passés sous silence par la propagande de l’industrie laitière, comme les taux d’hormones et d’antibiotiques anormalement élevés contenus dans le lait (c’est ainsi que les vaches sont élevées et ces poisons se transmettent à l’être humain qui le consomme); comme le faux « message protéinique », qui n’aide pas à la formation de notre cartilage ; ou comme le faible taux d’assimilation du calcium par notre corps (35 %) comparé au chou ou au brocoli (plus de 60 %).
Bref, ne croyez pas tout ce que l’on vous dit, et bravo au Guide alimentaire canadien pour avoir résisté à la puissance des mythes autour du lait!