LETTRE
Une forêt à partager
Depuis 6 ans, j’arpente, chaque matin, la forêt Boucher avec mon chien sans laisse. C’est devenu un style de vie. Ça l’est également pour toutes les personnes que je rencontre: des retraité(e)s, des nouveaux arrivés dans la région, des jeunes mamans en congé de maternité, d’autres en congé de maladie et des travailleurs qui profitent d’un moment libre avant ou après leur journée de travail. Nous sommes devenus, au fil du temps, des amis, des confidents. Nous sommes tous là, dans cette forêt, à avoir créé ces liens à cause de nos chiens que nous devons promener chaque jour. Il s’agit d’une véritable zoothérapie, gratuite en plus! Je ne pourrais plus m’en passer.
La fin de semaine, nous y rencontrons des gens avec leurs enfants et le chien de la famille qui gambade autour d’eux: c’est beau à voir, cette sortie en famille. Tout le monde y trouve son compte!
Les sentiers de la forêt sont utilisés surtout pendant l’hiver, car l’espace couvert autour du bassin de rétention se transforme souvent en zone polaire à cause du vent qui y a libre accès: nous devons donc nous protéger en nous réfugiant dans la forêt. Compte tenu de l’épaisseur de la neige amoncelée hors-piste, les chiens doivent se restreindre à emprunter les sentiers battus. J’aimerais bien qu’on me dise comment ils peuvent détériorer la forêt!
Dans une société qui se veut inclusive, nous nous sentons, les « marcheurs de chiens », des citoyens de seconde classe. Ces randonnées dans la forêt constituent notre principal divertissement que nous risquons de perdre. Il existe présentement, dans la forêt Boucher, une coexistence pacifique entre
« marcheurs de chiens », cyclistes, skieurs de randonnée, randonneurs solitaires. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie qui prouve que la civilité et la démocratie ont partie prenante sur notre territoire?
Isabelle Vincent, Aylmer