ÉDITORIAL
Une seule priorité : l’environnement
Je sais que c’est loin, que c’est en France (avec laquelle toute ressemblance ou comparaison ne serait que fortuite), toutefois mon avis est que le symbole est fort et que cela nous dépasse tous individuellement.
Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire depuis quinze mois, sous la présidence d’Emmanuel Macron, vient de démissionner. Par intégrité morale. Or le bonhomme n’est pas n’importe qui: il a d’abord animé pendant plusieurs années l’émission de découverte de la nature Ushuaïa, avant de créer la Fondation pour la nature et l’homme pour la préservation de l’environnement et faire un film (Le Syndrome du Titanic) qui interpellait sur « l’urgence écologique ». Il s’est également présenté à la primaire pour représenter le parti écologique en 2011 et avait refusé d’être ministre de l’Environnement à trois présidents successifs avant Macron… jusqu’à mai 2017.
D’abord, pas un de nos pseudo-ministres de l’environnement ne lui arrive à la cheville. Il vient de la société civile (n’est pas un professionnel de la politique) et se trouve être un véritable défenseur de l’environnement…
Dans l’entrevue radio où il a annoncé sa démission, il parle de « tragédie bien annoncée […] toujours pas appréhendée comme un enjeu prioritaire », d’« indifférence » [qui] « s’évertue à entretenir voire à réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres ». Parallèlement, il avoue avec une forme de résignation que cela ne va pas assez vite, qu’il n’a pas de pouvoir face aux lobbys industriels et financiers, qu’il ne fait que servir de caution morale au gouvernement français. Grosse déception pour lui. Imaginez alors pour tous ceux qui militent pour que l’écologie soit placée au centre des politiques de nos gouvernements… Comment demander aux pays en développement d’adopter des réformes vertes si nous ne sommes même pas capables de le faire chez nous?
Ce qui m’amène à notre vie politique, en cette veille d’élection. Quel a été le sujet principal la semaine dernière? Les accords de L’ALENA. Notre représentante de commerce favorite, Mme Freeland y a passé le plus clair de son temps depuis sa nomination (pourquoi porte-t-elle le titre de ministre des Affaires étrangères?), car négocier avec les Américains est devenu un travail à plein temps. Et nos candidats au poste de premier ministre du Québec ont sauté à pieds joints et en se tenant la main, dans le débat. Oui, l’économie, c’est important, nous avons compris. Il parait que la CAQ présentera 36 « candidats économiques »! Première fois que j’entends cette formule; on veut nous signifier que c’est un enjeu majeur, parce que dans l’esprit simpliste des rédacteurs de plateforme politique, économie = emploi. On panache ça avec un peu de santé et d’éducation. 1 million par-ci, 2 millions par-là, et le tour est joué! Avez-vous entendu parler d’environnement?
Or, l’enjeu ici est plus grand encore, il les englobe tous, ces thèmes de campagne ressassés. N’est-il pas l’hyper thème qui les relie tous? Par exemple, la science prouve que pollution atmosphérique et problèmes de santé publique sont de plus en plus interconnectés. Par ailleurs, il est évident que la clef d’un changement de comportement est évidemment dans l’éducation. Mais nous préférons continuer de vivre avec des œillères en laissant le problème à nos enfants et petits-enfants.