LETTRE
Une université de langue française en Ontario
Les incartades de Doug Ford donnent actuellement lieu à de nombreuses analyses. Ce gouvernement supprime ce que certains de ses électeurs perçoivent comme des irritants. La réaction viscérale tout à fait justifiée des Franco-ontariens ne devrait que consolider cette base hostile à la francophonie pendant que les autres provinces anglophones regardent ailleurs.
Par contre, à une année des élections fédérales, les libéraux fédéraux ont tout intérêt à en faire une question nationale et à voler au secours des minorités canadiennes malmenées par les méchantes provinces. L’article 23 de la Charte permettrait même à Ottawa de se substituer à Toronto et de créer de toute pièce cette université francophone s’il le faut, étant entendu que cette institution ne peut être autre chose que bilingue de toute façon. On a bien investi massivement dans la Cité Collégiale, dans une école de Kingston et dans Monfort.
Les électeurs québécois qui se perçoivent à tort comme une minorité applaudiraient à tout rompre une telle décision de la part du grand protecteur des minorités au Canada. Il y a fort à parier que François Legault serait du nombre, car il pourrait même faire croire qu’il a favorisé cette solution. Malheureusement trop de Québécois francophones oublient que chez eux, selon l’évangile fédéral, la minorité est anglophone. Comment expliquer à nos amis francophones du Canada que nous sommes piégés. Si nous invitons M. Trudeau à agir en arbitre sur des questions linguistiques de cette nature, au Québec ce sera au seul profit des communautés anglophones menacées par la terrible Charte de la langue française. Au nom d’une impitoyable symétrie, nos efforts pour appuyer leur cause sont le plus souvent récupérés pour renforcer une communauté anglophone déjà choyée au Québec.
Gérard Laurin
Aylmer / Gatineau