Viniculture
Vendanges au cœur de la canicule
Sur les coteaux adossés à l’escarpement Eardley, se trouve le vignoble « Les collines ». 100 acres défrichés depuis 12 ans où poussent maintenant 10.000 pieds de vigne. La chaleur est accablante en ce mardi 26 septembre, mais le raisin n’attend pas : il faut le cueillir.
Martin Dandenault, le propriétaire sort un instrument de lecture, écrase un grain et confirme le Brix. Les néophytes qui l’entourent comprennent à ses explications que le Brix est un indicateur du taux de sucre permettant de prévoir le degré d’alcool du vin. « Le Brix a bondi en une semaine, et il faut vendanger sinon le vin sera trop alcoolisé » confirme le vigneron.
La troupe de vendangeurs amateurs est composée des choristes du Chœur nomade de Gatineau. Lisanne Binette, la propriétaire, les connait bien car elle fait elle-même partie de ce chœur gatinois. La troupe prend la direction des rangs de Marquette. « C’est un cépage qui fait partie des hybrides nord-américains qui résistent au froid, aux maladies » explique M. Dandenault. Il évoque les recherches en œnologie de l’université du Minnesota et la création de nouveaux cépages prometteurs, tel le « Petite Perle » qui viendra s’ajouter aux « St-Pépin », « Frontenac » noir, blanc et gris, « Sabrevois» ou « Radisson » déjà bien implantés dans la région.
Les vignerons aimeraient habiter au milieu de leurs vignes, mais les règles du ministère de l’Agriculture sont formelles : tant qu’il n’y aura pas de chai, interdiction de construire une habitation sur ce territoire agricole. Alors, ils enchainent les visites de domaines, les congrès de viticulteurs, les cours en œnologie et franchissent une à une les étapes afin de faire grandir ce projet de retraite. Ils ont accédé à un programme de services-conseils pour bénéficier de l’expertise d’une agronome et de deux œnologues. Après avoir appris à cultiver la vigne, ils ont pu fabriquer leur vin une toute première fois l’an passé.
En quelques heures, 600kg de raisins sont prêts à prendre la direction du pressoir à Gatineau. Cela donnera environ 500 bouteilles. La production est à l’état expérimental et plusieurs années la séparent encore de la commercialisation qui ne pourra intervenir qu’après la construction du chai.
Mais, en attendant, dans la tradition des vendanges, tout le monde se rassemble pour partager un repas à l’ombre d’un chêne centenaire et déguster un vin de la récolte de la cuvée 2016. C’est un Frontenac blanc, vif et mordant, d’une teinte jaune paille, avec une belle acidité et quelques notes d’agrumes.