ÉDITORIAL
Vivre ensemble
Tout un programme, n’est-ce pas? Selon le Larousse en ligne, le « vivre-ensemble » désigne une « cohabitation harmonieuse entre individus ou entre communautés ». L’internaute y ajoute la notion de « lien pacifique », mais également d’« environnement de vie ou [de] territoire ». Mais plus précisément, qu’est-ce que cela prendrait aujourd’hui dans le contexte actuel, par exemple, chez nous à Aylmer, à Gatineau?
Fondamentalement, vivre ensemble, c’est le programme de l’humanité qui cherche à dépasser le simple instinct de conservation, la loi de la jungle (donc la loi du plus fort), qui, eux, débouchent sur l’accaparement des ressources naturelles et humaines au profit de d’une minorité. Plusieurs pensent qu’il faut carrément changer de paradigme : changer les valeurs de nos sociétés, développer la solidarité, réorganiser notre vie commune sur la terre, former à la citoyenneté, prévenir les conflits, mieux respecter les cultures et les religions, renforcer la volonté des individus à être acteurs plutôt que spectateurs des événements, apprendre à chacun à reconnaître en l’autre la même liberté qu’à soi-même… un peu fleur bleue, mais soit.
Il y a peu, notre maire actuel a proposé un « sommet du vivre ensemble » en réaction à l’affaire des immigrants illégaux, principalement haïtiens, qui a défrayé la chronique et ravivé les (faux) débats autour du racisme au Québec. Mais vivre ensemble, cela ne concerne pas que l’accueil des nouveaux arrivants, enfin! Accepter qu’une entreprise fore un puits pour aller chercher du gaz de schiste à 150 mètres d’habitations, continuer de penser les déplacements en ville à partir de transports comme la voiture ou le bus, laisser bâtir des quartiers entiers sans commerces ou services de proximité, sans espaces verts, tout cela c’est faire fi du vivre ensemble et insulter notre intelligence.
L’organisme « Vivre en ville », pour lequel a travaillé l’ancienne étudiante que je mentionnais dans mon dernier éditorial, parle de « communauté viable ». Cela signifie penser et aménager la ville en protégeant les territoires agricoles, en faisant des aménagements favorables à la santé et aux échanges humains, en luttant contre les changements climatiques avec de véritables mesures écologiques, en localisant mieux les activités pour favoriser une ville compacte et des courtes distances, pour une plus grande accessibilité des équipements et des lieux de services, etc. Tout en maintenant une fiscalité réaliste et équilibrée.
Il y a donc de véritables enjeux, autant de questions qui mériteraient d’être posées à nos candidats municipaux lors du débat du 12 octobre prochain au cinéma des Galeries d’Aylmer. Par exemple, que proposer pour que Gatineau s’adapte plus vite aux changements climatiques et à ses effets, voir lutte contre ces mêmes changements? Comment favoriser une plus grande équité entre tous les citoyens dans l’accès aux différents lieux stratégiques (travail, commerces, écoles, bibliothèques et salles de spectacle)? Que faire pour optimiser les infrastructures et les services municipaux? Et comment concevoir nos quartiers pour en faire des environnements favorables aux saines habitudes de vie (NDLR C’est le design actif)? Vous en voulez d’autres? En vrac : le patrimoine, la préservation des ressources naturelles, la protection des milieux naturels, la qualité des milieux de vie, la vitalité économique, la participation citoyenne…
Alors, vous comprendrez que je suis un peu irrité quand le programme d’un(e) candidat(e) à la mairie se résume presque à baisser les taxes, à discuter de la construction d’un aréna ou de la pertinence d’un parti municipal, à réorganiser les services de l’urbanisme ou à arrêter une soi-disant « discorde » au sein du conseil municipal. Et si on faisait de Gatineau un précurseur plutôt qu’un suiveur, non?