LETTER
LETTRE
Allah, Elohim, Yahvé
Didier Périès a fait paraître, le 17 août, un éditorial très instructif en ce qui concerne la récente agression contre Salman Rushdie, auteur du roman intitulé Les versets sataniques. Il a souligné à bon droit la relation entre le terme arabe Allah et le terme hébreu Elohîm. Cela illustre la parenté des deux langues sémitiques en rapport à Dieu. Bien qu’« Elohim » soit le pluriel d’« Eloah », il est indéniable que les saintes Écritures de l’ancien testament n’enseignent pas le polythéisme (croyance en plusieurs dieux). Tout comme l’islam, le judaïsme est monothéiste. Il en est ainsi du christianisme (un seul Dieu en trois personnes).
J’amènerais simplement une précision concernant le nom hébreu Yahvé mentionné dans l’éditorial. Ce nom n’est pas simplement issu du judaïsme, mais se retrouve à maints endroits de l’Ancien testament. C’est le nom propre de Dieu. M. Périès affirme que ce terme « signifie littéralement "la seule divinité digne d’être adorée" ». Je crois que cette explication n’est pas exacte. Je m’explique. Comme l’indique Exode 3.1ss, ce terme est apparenté au verbe être, car Dieu se nomme à la fois « Je suis celui qui suis » (Exode 3.14) et « Yahvé » (Exode 3.15,16). Cela dénote le fait que Dieu existe par lui-même et reste fidèle à ses promesses. C’est un terme donc qui fonde sa relation d’alliance avec les humains qui se confient en lui.
Il y a certes exclusivité de culte, mais cela n’est pas contenu dans le nom Yahvé, mais est explicité ailleurs, entre autres, dans le premier des 10 commandements (Exode 20.3).
Quoiqu’il en soit, je suis d’accord avec M. Périès : le fanatisme de la fatwa est inacceptable. Chacun a droit à ses opinions et à les émettre.
André Pinard, pasteur
Église réformée Baptiste de l’Outaouais