LETTER
LETTRE
Attention à ne pas instrumentaliser la crise du logement
La crise du logement à Gatineau s'invite régulièrement dans les média et au conseil municipal. On ne peut nier qu'il y a un manque criant de logements mais est-ce tous les types de logements qui sont en pénurie? Si on se fie à la première rencontre publique du comité choc sur le logement en avril dernier, ce sont surtout les logement abordables, les logements sociaux et ceux de 3 chambres et plus qui seraient les plus en pénurie.
La majorité des participants, des présentations et des discussions ont porté sur ces types de logements. Or, on constate souvent que lors des discussions au conseil municipal sur des projets immobiliers qui ne font pas l'unanimité, suite à des demandes de dérogations ou de modifications au plan et aux règlements d'urbanisme, l'argument de la crise du logement est souvent utilisée par plusieurs membres du conseil pour justifier leur aval à des demandes parfois contestés par leurs collègues et par les citoyens.
Cet argument n'est pas toujours valide loin de là. En effet, si on regarde deux dossiers récemment discutés dans le secteur ouest et que j'ai eu l'occasion de consulter, l'argument a été évoqué à quelques reprises alors que dans un cas, seulement 1% des logements soit 4 sur 420 disposaient de 3 chambres à coucher et 67% de seulement une chambre. Dans l'autre cas, 100% des 192 logements disposaient de 1 ou 2 chambres à coucher. Et ces exemples ne sont pas des cas isolés. Il est fort à parier que cette offre répond à une forte demande bien légitime provenant de l'autre côté de la rivière mais ce que proposent nos promoteurs alimente également cette même demande.
Comme l'ont déjà souligné à juste titre Daniel Champagne et Mme la mairesse Bélisle, Gatineau est ainsi devenu le bassin de logements abordables pour les résidents d'Ottawa. Selon les chiffres de la SCHL, on a assisté en 2020-2021 au plus grand nombre de migrants venant de l’Ontario depuis 1994 (16 000), en augmentation constante depuis quelques années et l'écart de valeur des maisons a atteint un sommet de 66% . Il devient donc pertinent que lorsque la crise du logement est invoquée par un membre du conseil pour justifier son appui à un dossier immobilier, il ou elle fasse preuve d'une plus grande rigueur en appuyant son avis sur des faits.
On évitera ainsi d'instrumentaliser la crise réelle du logement pour approuver des demandes qui n'y répondent que très partiellement et qui ne font qu'exacerber cette crise en augmentant la demande de la part de nos voisins ontariens pour qui Gatineau constitue une aubaine de plus en plus intéressante.
Darquis Gagné
Gatineau (Aylmer)