LETTRE
Au-délà du hockey
Les Capitals de
Washington viennent de remporter la Coupe Stanley contre les Golden
Knights de Vegas. Les prouesses de ces véritables héros sur glace auront
monopolisé l’attention de nombreuses personnes pendant de très longs
mois partout au pays. Elles auront donné lieu à de très nombreux débats
et nous auront exposé à de très très longues analyses. Elle nous auront
exposé, surtout, à d’importants transferts d’émotions, de réjouissances
et de frustrations envers des réalités qui nous touchent, comme la
justice, la dignité et la fraternité, vers quelques futiles adversités
de divertissement qui nous font oublié notre condition propre, qui nous
abêtissent et nous aliènent.
Pendant que l’on regardait le hockey, que l’on se préoccupant sans fin
du sort de ces jeunes et valeureux millionnaires et de leurs équipes :
un nombre incalculable de pauvres gens voyaient leurs enfants, leurs
frères et sœurs, leurs parents ou leurs proches mourir avant l’âge,
dans l’une de ces nombreuses spoliations de terres, de biens et de
richesses naturelles dans leurs contrés ou leurs pays;
près de huit cent millions de personnes souffraient de la faim qui
s’achève presque toujours dans la maladie et la mort dans le monde;
des centaines de millions, des hommes, des femmes, mais aussi des
enfants, vivaient une vie qui n’en est plus une, à travailler sans
cesse, des petites heures du matin à la tombée de la nuit, pour presque
rien, dans des conditions difficiles, dans l’un de ces nombreux ateliers
de la misère ou dans l’une de ces fermes d’esclavage modernes, créant
des tee-shirts, des chaussures, des chemises, des pantalons, des
composantes électroniques et toutes sortes d’autres choses, ou cultivant
du café, du chocolat ou du sucre pour d’écœurantes multinationales sans
conscience et sans regrets;
un nombre effroyable de femmes et d’enfants nourrissaient l’industrie du sexe;
des gouvernements comme le gouvernement canadien continuaient
d’œuvrer pour le compte des grandes entreprises et des multinationales,
pour l’industrie du pétrole sale, de l’armement, pour celui de leurs
riches bailleurs de fonds, au détriment du bien-être de tous;
des foules et des foules se réunissaient pour manifester pour la
justice et l’équité, l’égalité, l’environnement et le respect des droits
humains, pour de véritables démocraties; et
un nombre incalculable de personnes se rencontraient ici et ailleurs
dans le monde pour prendre toutes sortes de mesures afin de contrer des
façons les plus démocratiques et non violentes qui soient la guerre, la
désinformation, l’exploitation éhontée des humains, des animaux et de
l’environnement, et pour bâtir, comme nous nous devons de le faire, un
monde libre, égalitaire et fraternel.
Bruno Marquis
Gatineau