LETTRE
Capitulation devant le lobby des restaurateurs au détriment de la société
“En ne rendant pas obligatoire pour tous les serveurs d’alcool de suivre une formation crédible et reconnue, qui est le seul moyen efficace pour réduire la conduite avec les facultés affaiblies, le projet de loi 170 constitue un refus délibéré et conscient de tenir compte de la sécurité routière et de la sécurité publique. Le gouvernement a cédé sur toute la ligne au lobby des restaurateurs. C’est totalement irresponsable et absolument inacceptable », a déclaré aujourd’hui le directeur général d’Éduc’alcool, Hubert Sacy.
« Imposer aux seuls propriétaires ou directeurs des établissements licenciés l’obligation de suivre « un » quelconque cours, c’est comme si on ne demandait qu’aux seuls propriétaires des entreprises de camionnage, mais pas aux chauffeurs, d’avoir un permis de conduire. À sa face même, ce projet de loi constitue un mépris pour la science et, à la limite, un acte de complicité avec les conducteurs avec les facultés affaiblies », ajoute M. Sacy.
Ce projet de loi constitue même un recul par rapport à celui qui avait été présenté il y a plusieurs années par le ministre Dutil, prédécesseur du ministre Coiteux à la Sécurité publique. Il prévoit même des exceptions à sa propre obligation pourtant déjà minimaliste. En outre, il ne permet pas de s’approcher des standards plus rigoureux établis dans les autres juridictions au Canada et dans la plupart des pays de l’OCDE.
Voilà 15 ans qu’Éduc’alcool a fait la preuve irréfutable de la nécessité de rendre obligatoire le cours Action Service donné par le propre Institut de tourisme et d’hôtellerie du gouvernement du Québec. Voilà 11 ans que la Table québécoise sur la sécurité routière en a fait une recommandation. Voilà 7 ans que tous les partis politiques ont formellement appuyé cette demande. On aurait donc été en droit de s’attendre à ce que la parole donnée soit respectée.
« Je comprends mal l’absence de cette mesure d’autant que le premier ministre Philippe Couillard lui-même, au terme d’une présentation faite à son caucus, m’avait dit personnellement qu’en sa qualité de neurochirurgien, il était convaincu du bien-fondé des constats partagés et qu’il mettrait en œuvre une formation crédible et obligatoire une fois au pouvoir », relate M. Sacy.
Force est de constater que le ministre de la Sécurité publique, M. Martin Coiteux, a renoncé au consensus à la fois scientifique et politique en cédant aux pressions d’une petite minorité de restaurateurs, qui mène un combat d’arrière-garde, au détriment de la sécurité routière et de l’ensemble de la population québécoise.
Isabelle Verge
Montréal