LETTRE
Christchurch: le manque d’action
L’action rapide du gouvernement néo-zélandais à la suite du massacre de Christchurch met en lumière le manque de courage politique manifesté jusqu’à présent par le gouvernement libéral face à la tragédie à la Mosquée de Québec il y a plus de deux ans, qui a été commise avec le même type d’armes d’assaut légalement disponibles que ceux utilisés pour tuer 50 Néo-Zélandais innocents.
À peine une semaine après l’attaque sur leur territoire, la première ministre Jacinda Ardern a annoncé l’interdiction imminente de « toutes les armes semi-automatiques de style militaire », de « tous les fusils d’assaut », de « tous les chargeurs à grande capacité » et de « tous les accessoires ayant la capacité de convertir une arme à feu en arme semi-automatique de type militaire ». Elle a également émis une ordonnance de reclassification pour les armes semi-automatiques afin de dorénavant empêcher leur vente à la plupart des détenteurs de permis actuels.
Pourtant, ici au Canada, 29 ans après Polytechnique, douze ans après Dawson, quatre ans après le meurtre de trois agents de la GRC à Moncton et deux ans après le massacre dans la Mosquée de Québec – tous perpétués à l’aide d’armes de poing ou d’assaut légales – les Libéraux hésitent encore sur les mesures à prendre face à ce type d’armes.
Ceci, malgré l’élection majoritaire d’un gouvernement sur la base de la promesse de « débarrasser nos rues des armes de poing et des armes d’assaut »!
Qu’attend donc le gouvernement ? Six morts, cinq blessés et 25 traumatisés, y compris des enfants, en moins de 2 minutes avec une arme légalement acquise, ne constituent pas une raison suffisante pour agir? De combien d’autres sommets, consultations et débats internes le gouvernement aura-t-il encore besoin?
Le gouvernement est bien conscient du phénomène croissant d’organisations de type milice au Canada, qui utilisent des armes d’assaut légales pour mener des exercices militaires en forêt afin de se préparer à une ‘guerre’ contre des ennemis imaginaires. Cela devrait être une urgence nationale.
Le gouvernement semble paralysé devant le lobby des armes, redoutant clairement la possibilité de perdre quelques votes parmi une minorité de propriétaires d’armes tout en ignorant la grande majorité des Canadiens qui appuient l’interdiction des armes de poing et d’assaut.
Nathalie Provost,
survivante de la tuerie
à l’École Polytechnique,
Boufeldja Benabdallah,
Centre culturel islamique de Québec, et
Heidi Rathjen,
coordonnatrice de PolySeSouvient ,
Montréal