LETTRE
Diable de Barrette !
Gaétan Barrette, notre ministre de la Santé, a consenti à ses confrères disciples d’Esculape d’outrancières augmentations de 100 000 $ (33 %) en un an. Le même homme retourne sa veste, décide de serrer la vis à ces condisciples bien nantis et d’alléger leur escarcelle. Contradictoire un tantinet, admettons-le.
Hier, c’était la juteuse augmentation salariale inconditionnelle : ouvrez votre bourse, chers semblables, que j’y déverse allègrement les deniers de l’état. En contrepartie, je ne vous demande rien, aucune obligation. Nous verrons plus tard, s’il y a lieu… éventuellement… selon la conjoncture…
Aujourd’hui, volte-face et pas à peu près. Exit bon cop; entre bad cop ! Désormais, il exige des médecins de pratiquer les fins de semaine, de les assigner à des territoires, d’augmenter leur nombre de patients, etc. Inutile de préciser que ses petits n’amis d’hier, bénéficiaires du pactole sans rien donner en contrepartie, sont loin d’apprécier.
De voir les prospères médecins se faire mettre au pas, à l’œuvre et à l’épreuve peut paraître réjouissant. Cependant, connaissant notre ratoureux ministre de la Santé, avant de trop célébrer, un doute devrait assaillir notre esprit. Son soudain changement de cap ne cache-t-il pas une autre entourloupe de sa part ? Pour l’heure, notre Gaétan en est au stade de l’intention. Il claironne bien haut et fort sa détermination d’agir contre vents et marées (entendre ici omnipraticiens et spécialistes). Cela fait les manchettes; c’est politiquement rentable; c’est populiste. Mais, il y a loin de l’intention à la réalisation. Se pourrait-il que l’épouvantail brandit par notre ministre-médecin ne soit rien de plus … qu’il ne parvienne jamais à effrayer le moindre oiseau du corps médical… et que médecins et ministre de la Santé, d’un commun accord, nous joue leur cinéma ?
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Ce diable de Barrette qu’entend-il ajouter au pavage ?
Francois Brisebois
Aylmer