En direct du Camino
Voilà, tu as deviné, je suis sur le Chemin de Compostelle – Camino francés a Santiago de Compostella. Ce chemin est le plus parcouru, il traverse l'Espagne. Au fait, il commence à Saint-Jean-Pied-de-Port en France avec une traversée des Pyrénées pour ensuite se poursuivre en Espagne, sur 780 km. Toute une aventure. En ce moment, je suis assise sur une terrasse à Logroño, après environ 190 km de marche. Je suis maintenant convaincue que les kms espagnols sont plus longs que les kms canadiens.
Je loge à l'Hostel Entresueños, adjacent à la cathédrale de La Redonda. Impressionnante cette cathédrale. Celle-là je vais la visiter. À date, je n'ai visité aucune église (pourtant réputées pour leur architecture, leur histoire et même leurs miracles). Les 10 mètres de plus à marcher pour s'y rendre étaient tout simplement de trop (!). J'ai les pieds en compote. Enfin, ce beau refuge pour pèlerins (ils ne sont pas tous beaux mais la majorité sont relativement bien) il y a un ordinateur dont je peux me servir pour écrire. J'en profite.
Ça fait 9 jours que je suis sur le Camino. Je pensais écrire dans mon journal à tous les jours – baff, pas pantoutte, trop crevée. C'est une épreuve physique pas ordinaire. Je ne savais pas que ce serait aussi difficile/éprouvant et je ne suis vraiment pas la seule. Plusieurs, tout comme moi, s'étaient imaginés qu'après la traversée des Pyrénées (première étape), la suite serait relativement facile, soit de marcher 20 à 25 km par jour, bagage sur le dos, eau en plus... déjà pas si facile. Ô surprise! Ce n'est vraiment pas le cas, c'est quasiment toujours en montagne, c'est comme les Pyrénées sans fin. Ça monte et ça monte encore, des centaines de mètres sur de courtes distances pour ensuite descendre et descendre encore, des descentes raides souvent sur des sentiers de cailloux. Toujours aux aguets.
Déjà, je croise plusieurs personnes blessées – jambes/chevilles cassées/foulées ou encore tendinites – finito el Camino; d'autres ont dû se munir d'attelles pour genoux à cause de ligaments déchirés ou problèmes de rotules, et j'en passe. Alors, je marche lentement. Les descentes? Soit en 'slalom' me servant des bâtons de marche comme en ski, soit en minis pas de jogging (je me sens comme une p'tite vieille japonaise). Des fois j'en ris aux éclats et des fois j'en bavasse un coup.
Les paysages sont magnifiques, souvent à en couper le souffle. Ça, je ne m'y attendais pas du tout. Agréable surprise et je prends donc beaucoup de photos. D'ailleurs, j'en ai publiées plusieurs sur Facebook. Si tu veux les voir, tu n'as qu'à me faire une demande d'amitié Facebook (Carolle Bertrand) et tu y auras accès. Un jour, quand je serai moins fatiguée, je publierai tout ça sur mon blogue.
Il y a 8 ans, je ne savais rien du Chemin de Compostelle. C'est par hasard que j'ai aperçu un clip YouTube qui montrait un énorme encensoir qui était balancé d'un bord à l'autre d'une cathédrale, même au-dessus des fidèles.
J'ai passé beaucoup de temps quand j'étais jeune dans notre défunte église Saint-Paul. L'objet qui m'impressionnait le plus était l'encensoir. Je le trouvais tellement beau et la fumée odorante qui s'en échappait était pour moi un mystère. Quand j'ai vu ce clip, je me suis dit que je devais trouver cette cathédrale et m'y rendre un jour. Il s'agissait de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle.
C'est de là que c'est parti. Compostelle a donc fait son chemin en moi depuis 8 ans et m'y voilà.
Je suis ici pour 7 semaines, on verra ce que mes pieds me laisseront faire (800 km, c'est long longtemps, surtout en montagne... ouulala). Mais, chose certaine, le Chemin me mènera où il veut bien me mener. Ça, je le crois et ça m'enchante.
Les lumières s'éteignent, les pèlerins se couchent tôt. Qui sait, je rencontrerai peut-être un autre ordinateur et pourrai te donner d'autres nouvelles!
Carolle Bertrand est une artiste multidisciplinaire native d'Aylmer
Carolle.Bertrand@gmail.com