Dossier immigration : Portrait de la famille Aslan, au passé troublant, mais à l’avenir prometteur
Espoir de réunir la famille entière
Les gens semblent parfois l’oublier, mais il n’y a qu’une race : la race humaine. Le Bulletin est allé à la rencontre d’une famille immigrante de Hull aux sourires débordants.
Venant de la Syrie, ils adorent la vie et regardent maintenant droit devant. Leurs rires sont contagieux, ils changeront le monde à leur façon, ici, à Gatineau. Par le passé, ils avaient vécu les pires atrocités humaines de la guerre en Syrie. Comme bien des familles syriennes, ils n’ont n’avaient pas d’autres choix que de quitter leur pays natal.
Ils sont arrivés au Canada en 2016, les mains vides, sans parler un mot d’anglais ou de français. Les progrès linguistiques faits depuis leur arrivée sont stupéfiants. Jacques Laberge, un ancien diplomate, a aidé la famille lorsqu’elle est arrivé à Gatineau. Ce dernier est porte-parole du Comité de soutien auprès des réfugiés syriens accueillis à Gatineau (CSRS). Ce groupe a d’ailleurs été créé en 2016, lorsqu’un nombre important de Syriens trouvaient refuge au Canada. Depuis, le groupe a aidé près de 70 familles syriennes. « Quand on amène des Québécois à parler directement avec des familles immigrantes, ça aide beaucoup à rassurer la personne », soutient M. Laberge. « Ils ont les mêmes motivations, les mêmes rêves », dit-il.
Une famille à l’histoire émouvante et inspirante
Cinq des six membres de la famille Aslan ont quitté la Syrie pour trouver refuge, ici, à Gatineau. Cihad Aslan, 45 ans, et sa femme Ceyda Hasan, 43 ans, vivent avec leurs trois enfants, Hussein, Mohamad et Suad. Âgée de 18 ans, Suad est étudiante à l’école secondaire de l’Île. Ses deux frères travaillent au restaurant Amiral, sur le boulevard Alexandre-Taché. Suad peut maintenant faire de la traduction arabo-française pour les nouveaux arrivants de la Syrie qui ne parlent pas le français. Ceyda travaillait à une buanderie avant que celle-ci ne ferme. Elle se cherche donc un nouvel emploi du temps, préférablement dans la restauration. Cihad, quant à lui, est chauffeur avec Uber.
La famille a à cœur les bienfaits du bénévolat dans leur nouveau chez-soi. Elle avait aidé à remplir des sacs de sable lors des inondations gatinoises de 2017. Les membres de la famille s’étaient également engagés dans la fête de l’amitié, un spectacle en soutien aux réfugiés syriens de Gatineau, qui avait eu lieu le 27 janvier. Cynthia Baroud, finaliste à La Voix en 2014, était présente pour livrer une prestation musicale.
Lors des balbutiements de la guerre en Syrie, ils avaient dû marcher 60 kilomètres pour trouver refuge en Turquie, où ils y demeurèrent pendant 5 ans. Ils vécurent dans un camp de réfugiés où la vie n’était pas de tout repos.
« Lorsque nous sommes arrivés au Canada, nous sommes devenus très heureux puisque nous avions commencé une nouvelle vie », dit Cihad.
Une des filles du couple, Sundos (23 ans), habite actuellement au Liban avec son mari et ses deux enfants. Elle avait fui la guerre en Syrie avec lui en 2011. Le couple n’a pas les meilleures conditions de vie là-bas. Ils parviennent à survivre grâce à des envois d’argent de la part de Cihad et Ceyda. Plus que tout au monde, les deux familles veulent se retrouver à Gatineau dans un futur rapproché.
Une page GoFundMe pour amener leur fille à Gatineau
Un groupe de parrainage de citoyens a été mis en place pour la réunir avec le restant de sa famille. Ça fait plus de 7 ans qu’elle n’a pas revu le restant de sa famille en personne. Ils discutent régulièrement au téléphone et via l’application WhatsApp. Une page GoFundMe (Help reunite the Aslan family in Gatineau) est maintenant publique.
L’argent recueilli servira à aider Sundos et Bassel à « rembourser le prêt qu’ils devront contracter auprès du gouvernement du Canada pour les frais de transport entre Beyrouth et Gatineau (environ 6000 $), le coût du loyer de leur futur appartement pendant un an (environ 800 $ par mois, soit au total 9600 $) et les frais de subsistance de la famille pendant environ 8 mois (500 $ par mois, soit au total 4000 $) ». Ils comptent bien retrouver leur fille en 2021, bien que les dossiers d’immigrations avancent toujours avec un brin d’incertitude.
Lorsque la famille sera toute rassemblée dans son entièreté, elle compte bien lancer un restaurant dans le coin.