LETTRE
Familles sans logis hébergées en motel et Covid-19
Dans la foulée de la crise de la COVID-19, de plus en plus experts craignent, avec raison, une augmentation des problèmes intrafamiliaux à cause des confinements que cette pandémie exige.
Même si nous n’avons pas le choix, ce huis clos peut être une catastrophe sur le plan social et familial. Avec le confinement, les tensions risquent d’être exacerbées, y compris dans les foyers où il n’y en a pas habituellement. La quarantaine peut mettre les familles, les parents et leurs enfants à rude épreuve.
Rester enfermés à deux, ou plus lorsque les enfants font partie du paysage, sur une durée potentiellement longue, s’impose donc parfois comme un véritable défi. On a beau s’aimer très fort, vivre au contact des membres de sa famille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, n’est pas toujours chose facile. Qui plus est lorsqu’il s’agit d’une période à durée indéterminée... En Chine, après six semaines de confinement et sa levée progressive dans certaines régions, de nombreux couples divorcent et les violences conjugales se sont aggravées, rapportent plusieurs médias.
Être confiné dans une maison avec un jardin n’a forcément rien à voir avec un confinement dans un minuscule logement lorsque tu es trois, quatre, cinq et même huit membres d’une même famille. Cette situation est encore moins tenable lorsque, faute d’avoir un chez-soi, tu es contraint de vivre dans une petite chambre de motel comme cela est la situation pour plusieurs familles sans chez soi de Gatineau.
À cause de la crise du logement et de la pénurie extrême de logements abordables et spacieux répondant aux besoins des familles nombreuses à faibles et modestes revenus, cette situation est, actuellement et malheureusement, la dure réalité pour une dizaine de familles de Gatineau. Parmi ces familles soutenues par l’organisme les Œuvres Isidore Ostiguy, il y en a, notamment, une avec huit personnes (père, mère enceinte et six enfants) qui est contrainte d’habiter dans deux minuscules chambres d’un motel sans aucun appareil ménager. Une situation infernale pour des parents qui ont à cœur le bien-être et la sécurité de leurs enfants.
Étant incapables de se trouver un nouveau logement dans le marché privé, ces familles sont, en grande partie, dans cette situation d’hébergement d’urgence depuis des mois déjà alors que cette mesure devrait être une solution temporaire selon les orientations de la Politique de lutte à l’itinérance du Québec.
Comme le commande cette politique et les mesures d’aide que votre gouvernement a mises en place le 1er juillet dernier, faute d’avoir une offre de HLM, ces familles devraient avoir eu accès à une aide financière sous forme de PSL depuis un certain temps déjà pour les aider à se reloger convenablement.
En dernière heure, nous apprenons que les hôteliers qui hébergent ces familles vont devoir fermer à cause des nouvelles directives du gouvernement du Québec. De plus, plusieurs ménages en recherche de logement nous indiquent que les propriétaires ne font plus faire de visite. Cette situation n’aide en rien les ménages sans logis à se trouver un nouveau logement et à respecter adéquatement les mesures de confinements mis en place par les autorités.
Sans possibilité de poursuivre leur hébergement en motel et incapable de faire de la recherche de logement, ces familles vont aller où? Le gouvernement du Québec devrait réquisitionner des hôtels pour assurer l’hébergement à ces familles.
François Roy
Logemen’occupe, Gatineau