LETTRE
Fort McMurray : Catastrophe humanitaire?
Au moment où l’on s’installait pour écouter les nouvelles de 10h, ma blonde me dit : « Ils vont encore nous parler de Fort McMurray. » Comme de fait, ils n’ont pratiquement parlé que de cela. Cela fait une semaine qu’on n’entend plus parler que de cela dans les médias. C’est à croire qu’il ne se passe plus rien d’autre dans le monde.
Nous pourrions croire que la planète s’est arrêtée de tourner. Les superlatifs ne manquent pas. Les journalistes rivalisent d’imagination pour trouver les plus percutants : « Tragédie, drame humain, catastrophe humanitaire, etc. » Je ne peux m’empêcher de penser que c’est encore un bon exemple de notre fâcheuse tendance à s’observer le nombril.
C’est quoi cette histoire de « catastrophe humanitaire »? Une crise locale, peut-être, mais il ne faut tout de même pas exagérer. Il n’y a eu aucune perte de vie, aucun blessé. Tout le monde est en sécurité. La Syrie, l’Afghanistan, le Soudan, Haïti, Tchernobyl, Fukushima sont des catastrophes humanitaires. Le feu au Lac Mégantic était une tragédie avec ses 47 morts. Newtown était une tragédie avec la mort des 20 enfants. Fort McMurray n’est pas une tragédie, ni une catastrophe humanitaire.
Qu’est-ce qui s’est passé à Fort McMurray? Un paquet de résidences sont passées au feu. Des résidences probablement toutes bien assurées. Des résidences de famille qui ont des revenus moyens de 160 000$ par année. Des résidences que ces occupants habitent pour quelques années, le temps de faire un coup d’argent pour retourner au plus vite à leur vrai « chez-soi ». Oui, je serais perturbé si ma maison passait au feu, mais je ne me considérerais pas pour autant en situation de catastrophe humanitaire.
Puis, je ne peux m’empêcher de voir l’ironie de la situation : la capitale canadienne du pétrole passe au feu. La consommation de pétrole contribue aux changements climatiques qui créent de plus longues périodes de sécheresse augmentant le risque des feux de forêt qui brûlent la ville qui cause en partie le problème. Peut-être y a-t-il matière à réflexion!
Marcel Leclerc
Aylmer