LETTRE
Gatineau-les-bacs
Une nuit d’encre, sans lune. Banlieue d’Aylmer, petit chemin de terre bordé de fossés. Une voiture s’arrête, les feux s’éteignent. Personne en vue, la portière côté passager s’ouvre, un sac de vidanges dodu s’envole et roule dans le fossé. Le véhicule repart. Ni vu ni connu.
Avec l’imposition de ce nouveau bac gris et du nouveau règlement de gestion des encombrants, nos élus municipaux viennent de basculer dans l’angélisme. Comme si tous les citoyens allaient adhérer spontanément au règlement comme des béni-oui-oui. Eh non, ce n’est pas vrai que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Comme ce n’est pas plus vrai que tous les contribuables d’Aylmer vont s’évertuer à recycler, composter, trier leurs ordures et faire preuve de conscience sociale en matière de gestion de leurs détritus. La nature humaine étant ce qu’elle est, on la sait capable du meilleur, mais aussi du pire. Parions que plusieurs verseront dans la délinquance ouverte. Ceux-là suffiront à transformer allègrement et sans remords nos boisés, nos fossés et nos parc en dépotoirs. Et pas en plein jour on l’aura deviné. Bien malin qui pourra les en empêcher.
On peut s’inquiéter à juste titre de la courte vue de nos maire et conseillers qui n’ont pas envisagé toutes les facettes négatives de cette multiplication des bacs à ordures. Déjà circulent nombre d’histoires de sacs de déchets abandonnés ici et là, en ville comme en banlieue. De plus en plus de devantures de maisons s’ornent de vieux divans, de bouts de bois, d’étagères délabrées. Autant pour l’aménagement paysager ! Votre cuvette de toilette vient de craquer ? Qu’à cela ne tienne, plantez-la au milieu de votre gazon et transformez-la en boîte à fleurs… jusqu’à la prochaine cueillette des encombrants dans trois mois. À moins que délinquant oppositionnel, un soir en catimini, dans un chemin en banlieue…
Francois Brisebois
Aylmer