LETTRE
Gatineau-Les-Bacs II
Bleu, brun et, pour faire bonne mesure, gris en prime. Y a pas à dire, notre administration municipale, ne reculant devant aucune dépense, nous gâte. À quand le prochain bac, rose pastel, consacré exclusivement aux déchets de fruits de mer : coquilles, algues, carapaces de homard… Après tout, nous sommes une Ville riche, non ? Il faut montrer au grand jour que nous consommons ergo (donc) que nous recyclons pas à peu près.
D’où la multiplication des bacs. Le long des fondations des maisons, devant les clôtures, dans les entrées de cours : ils traînent partout au garde à vous. Sûr que nos lumineux élus municipaux avaient prévu que les mêmes superbes récipients colorés allaient être entreposés par leurs administrés responsables dans les cabanes à jardin ou derrière les clôtures des résidences gatinoises. Le hic, c’est que ce n’est pas tout le monde qui dispose de telles possibilités. Et puis, avouons-le bien sincèrement, le je-m’en-foutisme des citoyens de Gatineau étant, cabane ou pas, ils ne se ruineront pas la santé pour dissimuler les encombrants (tiens !) contenants. Trop fatiguant, trop loin au fond de la cour, trop… Résultat : dans bon nombre de cas, chats sauvages, écureuils et moufettes vont s’en donner à cœur joie. Réjouissante vision quand par la fenêtre vous apercevrez le bac renversé de votre voisin étalant son contenu de déchets odorants. Qu’il ramassera quand bien lui conviendra.
À la lecture des lignes qui précèdent, les Verts et les écolos réclameront ma tête. Je les rassure tout de suite, je me conformerai religieusement au recyclage exigé par l’autorité municipale, en bon citoyen responsable. Cependant, je persiste et signe : déjà qu’à bien des égards la Ville de Gatineau était laide, nos élus municipaux viennent d’ajouter l’acné juvénile des bacs, comme des boutons, à son visage déjà ingrat.
Francois Brisebois,
Gatineau