ÉDITORIAL
Hommage au Centre alimentaire Aylmer
Sans être totalement naïf, je désirerais ouvrir cette année 2020 par un éditorial dans la continuité (positive) du dernier de 2019. J’aimerais parler de solidarité, d’altruisme. Cet élément crucial de nos relations sociales est appelé à prendre une importance grandissante en ces temps troubles, à moins de préférer « jouer perso » et perdre notre humanité. Le choix de l’égoïsme serait alors celui du repli sur soi, de la loi de la jungle, de la loi du plus fort.
J’ai eu l’honneur et le plaisir de travailler au Centre alimentaire Aylmer quelques heures durant, le jeudi 19 décembre dernier. Ma fille et moi avons transporté – et un peu plus - des personnes extraordinaires (salutations à Sonia, Mariaman, Richard, André, Jordan et Maria), qui ne pouvaient aller chercher et ramener leur épicerie de Noël depuis le Magasin Partage, installé au Centre communautaire Ernest-Lattion. Le centre communautaire s’était transformé pour l’occasion en véritable supermarché (provisoire) qui a permis à 150 personnes d’avoir un « caddie » de Noël d’une valeur de 300 $ pour 30 $ de participation !
Ce que je veux souligner ici, c’est l’incroyable engagement des employés du Centre alimentaire et des bénévoles. Un engagement total, de bonne foi et convivial de la part de ces quelques dizaines de personnes. Ma fille et moi avons découvert tout un pan caché de notre société. Des individus qui donnent temps et argent pour d’autres, sans arrière-pensée, sans autre reconnaissance qu’un « merci » à la fin de la journée. Chacun d’entre eux, y compris Jocelyne, la coordinatrice du transport, et à Mercedes, la responsable des services, mérite notre plus grand respect.
Vous le savez, le CAA a déménagé en 2017 dans les locaux de l’ancienne Clinique médicale d’Aylmer, près de l’église Saint-Paul. L’organisme sans but lucratif était au bord de la faillite, son conseil d’administration - encore des bénévoles! - a su faire les bons choix et a redressé les finances en deux ans. Ce qui ne signifie pas que vos dons sont superflus. Et c’est l’un de mes points aujourd’hui : le CAA a plus que jamais besoin de vous, comme bon nombre d’associations caritatives. La population qui fait appel à elles — pour de bonnes raisons, dans la grande majorité des cas — grandit année après année. Pourquoi ?
La réponse est simple : les écarts de revenus se creusent entre les plus riches et les plus pauvres (voyez le gouffre insultant entre le salaire moyen des cent plus grands patrons canadiens et celui d’un employé) et nos gouvernements n’accomplissent pas suffisamment leur mission, qui est d’égaliser les chances et réduire les disparités sociales. Au lieu de souhaiter longue vie à des organismes comme le CAA, nous devrions nous demander comment nous en sommes arrivés là. Si un revenu minimal universel décent existait et que le système ne nous poussait pas au profit au détriment d’autrui (forcément)…
Mais le fait est que ces travailleurs bénévoles de l’ombre abattent un travail énorme. Et ce sera ma dernière remarque : quelle sagesse, quelle expérience, quelles compétences, quelle énergie notre société gaspille-t-elle en laissant filer ses retraités, qui ne demandent pas mieux que de servir et être utile plutôt que d’être laissés sur la touche ! Mais pas question de les forcer à rester au travail plus longtemps, repensons plutôt nos liens sociaux.