LETTRE
Jusqu’à quand?
Non seulement ses maisons poussent comme des champignons partout dans l’Outaouais, mais maintenant il veut nous imposer ses tours colossales à condos aussi dans les zones classées comme patrimoniales. On rase des parcs, des zones vertes, des quartiers entiers, n’importe quoi, il s’en vient avec son « progrès » et son « développement économique pour la région»…dont les retombées finissent en grand partie dans ses propres coffres. Accepterait-il qu’on lui construise des tours dans son fief au nom du progrès et qu’on lui cache la belle vue de la rivière?
Jusqu’à quand le maire Pedneaud-Jobin devra-t-il brandir tout seul l’épée du respect de la loi et des règlements municipaux? Depuis l’année dernière il a pris position contre un projet qui par son ampleur aurait un impact négatif sur la qualité de vie des habitants de la zone, mais surtout qui ne respecte pas le zonage patrimonial du quartier du Musée. Ils sont où ses conseillers, nos représentants? Travaillent-ils en équipe avec lui pour représenter et défendre les intérêts de la communauté et l’application de la loi et des règlements ?
Ah, mais attention ! Brigil nous menace de faire ses valises et de s’en aller du côté de l’Ontario.
Et alors? De mon côté, je lui souhaiterais un bon déménagement! C’est tout.
Jusqu’à quand les lois devront-elles s’accommoder aux exigences des citoyens et de leurs projets? On dirait que le monde est à l’envers : les lois sont là pour s’adapter aux exigences des citoyens (selon la grosseur de leur portefeuille). « Quel est le problème de changer les rues du carré patrimonial à Hull? » disait tranquillement il y a quelques jours le journaliste de Radio Canada à l’émission d’Ici Gatineau. Si un projet d’urbanisation d’une telle envergure dans le quartier du Musée avait été proposé par un entrepreneur venant d’une province canadienne ou d’un investisseur étranger, la loi serait-elle la loi ou ça serait encore « mmmh…laissez nous voir, laissez-nous faire des consultations, peut-être on pourrait contourner les règlements municipaux… »? Il me semble qu’on l’enverrait se promener, non? Et pourtant…
Jusqu’à quand les mots « éthique », « bien commun », « patrimoine historique» seront-ils absents de la discussion? On dirait que la vie qu’on mène de nos jours au rythme vertigineux de l’immédiat des médias sociaux (qui en plus n’ont de la mémoire que pour 145 caractères à la fois) nous a fait oublier leur signification, même leur existence dans le dictionnaire.
Jusqu’à quand serons-nous tous immobilisés, anesthésiés parce que cela « ne me touche pas », « cela se passe à Hull », dans un quartier supposément défavorisé? Mais oui…il ne faut pas avoir obtenu un doctorat en mathématiques ni en développement urbain pour calculer l’impact sur les services, les taxes, le transport, le trafic, la pollution, le bruit, le tissue sociale et identitaire du quartier, et j’en passe, de deux tours de plus de 30 étages en plein centre-ville de Gatineau.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, même si j’habite à Aylmer, je me sens concernée et indignée en plus.
Jusqu’à quand…jusqu’à quand? Parce que ça va faire!
Anna Maria Salvetti
Aylmer