LETTRE
Justin Trudeau a dit qu’il « n’allait pas utiliser sa majorité » mais c’est exactement ce qu’il a fait
Les électeurs comprennent que changer le système électoral n’est pas un enjeu comme les autres. Lorsque plus de 50% des électeurs doivent rester en retrait pendant qu’un parti avec une fausse majorité obtient 100% du pouvoir pour toutes les décisions qui affectent nos vies, la réforme électorale devient une question prioritaire qui sous-tend toutes les autres.
Justin Trudeau a révélé en entrevue qu’il avait abandonné la réforme électorale car il n’avait pas d’appui pour son option préférée, soit l’ajout d’un bulletin de vote préférentiel à notre système actuel.¸
« Nous avions une préférence » a-t-il affirmé. Il semble ainsi vouloir dire que lui-même préférait le vote préférentiel uninominal. Il s’agit du « nous » royal, évoqué de façon si éloquente par son choix de mots à Iqaluit, lorsqu’il a pris sur lui la responsabilité de la décision d’abandonner la réforme électorale, affirmant : « C’était à moi de faire ce choix ». Ce faisant, il a ignoré les preuves, il a ignoré les électeurs, il a ignoré la résolution prioritaire numéro un du Parti libéral, appelée Rétablir la confiance dans la démocratie canadienne, il a ignoré son propre caucus, il a même ignoré sa propre parole.
En effet, les cinq députés libéraux du comité spécial ont écrit un rapport minoritaire qui ne mentionnait pas de préférence pour un bulletin de vote préférentiel. En fait, ils ont dit que « personne ne veut du bulletin préférentiel ».
Immédiatement après l’élection de 2015, plus de 9000 sympathisants de Représentation équitable au Canada ont envoyé une lettre à Justin Trudeau, demandant un processus digne de confiance. Les citoyens lui ont dit qu’ils étaient fatigués des comités qui ne sont que des cirques destinés à justifier des choix de politiques préconçus.
Et pourtant, c’est exactement ce que nous avons obtenu après avoir gaspillé 4,1 millions de dollars sur un exercice qui s’est avéré un leurre . Lorsque Justin Trudeau a mis en lumière le fait qu’il avait renié sa promesse car il savait qu’il n’obtiendrait pas un bulletin préférentiel, il a fait du comité ERRE un simple cirque. Surtout, il a exposé la marque politique libérale pour ce qu’elle est, insipide et intéressée que par son propre profit. Je pense que c’est la partie que je trouve la plus navrante : l’arrogance et le mépris face aux Canadiens. Son commentaire mentionnant qu’il préférait des moyens artificiels de concentrer la diversité au sein d’un parti, plutôt que de laisser la diversité trouver son pouvoir à travers de multiples partis, est révélateur.
Kelly Carmichael, Représentation équitable au Canada Toronto / Ottawa