LETTRE
L’accessibilité de l’information et la pérennité des journaux locaux menacées
Alors que nous commençons tout juste à prendre la mesure des impacts négatifs des changements technologiques sur les médias écrits et que la crise du bois d’œuvre avec les États-Unis risque à nouveau de faire augmenter le prix du papier journal, le ministre des Affaires municipales en rajoute une couche en proposant de priver les hebdos locaux et régionaux d’une importante source de revenus: les avis publics des municipalités. Il s’agit d’une décision éminemment dommageable, d’autant que la population se verrait ainsi privée d’une source d’information fiable et accessible.
Malgré l’avènement de technologies permettant de rendre l’information disponible en temps réel, les médias écrits demeurent encore aujourd’hui ceux qui rejoignent le plus efficacement un grand nombre de gens, ce qui est particulièrement vrai en régions et dans les milieux ruraux. Les médias locaux présentent, encore aujourd’hui, les taux de pénétration parmi les plus importants. Cette décision du gouvernement libéral obligerait les citoyennes et citoyens à se mettre en quête des informations les concernant. Il ne s’agirait plus d’avis publics des municipalités, mais ʺd’avis de rechercheʺ pour la population! Non seulement Internet n’est pas gratuit, mais ce n’est pas tout le monde, en plus, qui est à l’aise avec l’univers virtuel. Cela aurait donc pour conséquence de compliquer considérablement la vie de nombreuses personnes. Ce n’est absolument pas raisonnable.
En proposant de permettre aux municipalités de ne diffuser leurs avis publics que sur Internet, le projet de loi 122, s’il était adopté tel quel, se traduirait par des pertes de revenus importants pour les médias locaux et la disparition d’un service public essentiel pour la population, sans compter les impacts potentiels en termes d’accès à l’information… Il s’agit donc d’une proposition dont on a clairement sous-estimé les conséquences pour les communautés.
Cette décision est d’autant plus incompréhensible que cette ʺdépenseʺ municipale ne représente, en moyenne, que 0,05% des budgets municipaux. En définitive, c’est bien peu pour assurer aux citoyennes et citoyens d’avoir accès à une source importante d’informations sur leur communauté. Quand on fait la somme des avantages par rapport aux inconvénients, on comprend bien que le gouvernement doit faire marche arrière et revenir sur cette mauvaise décision.
Stéphane Bergeron
Le député de Verchères et porte-parole de l’opposition officielle responsable de la région de l’Outaouais
Québec (Québec)