LETTER
LETTRE
L’affichage illégal : un problème d’incivisme
Lors du dernier conseil de ville, je suis intervenu au nom du Collectif de dix-huit associations de résidents pour dénoncer le fléau de l’affichage non règlementaire qui sévit sur le territoire de Gatineau depuis des années. Je souhaite ici réagir aux déclarations qui en ont suivi, notamment celles de la mairesse et de M. Nicolas Brisson, directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.
Je suis évidemment satisfait que Mme la mairesse ait reconnu la gravité du problème et se soit engagée à faire respecter la règlementation. Cependant, je ne crois pas que la façon d’y arriver passe encore une fois, comme elle l’a proposé, par la sensibilisation des promoteurs. Ceux-ci savent très bien qu’ils contreviennent au règlement, soit parce que leurs affiches sont en surnombre, au mauvais endroit, sans lien avec un projet spécifique, trop grosses ou simplement laissées en l’état une fois le projet est terminé. Pourquoi ces promoteurs fautifs prennent-ils néanmoins la décision de les maintenir en place? Là encore, contrairement à ce que la mairesse a évoqué, le manque d’employés à la ville n’y est pour rien, car il y a bel et bien des inspections de faites et des avis d’infraction d’émis, mais cela demeure sans effet. Le problème est plus profond, et renvoie plutôt à un sentiment d’impunité, comme le révèlent les propos de M. Brisson. Ce serait bizarre, dit-il, qu’il y ait des employés disponibles pour ‘’mesurer avec leur ruban la grandeur des pancartes’’, alors que les promoteurs n’obtiennent pas leur permis dans les temps voulus. Il y aurait là à son avis un problème de gestion des priorités. À aucun moment il ne déplore les violations ou ne s’engage à rappeler à ses membres l’importance de se comporter en bon citoyen corporatif, en respectant les règlements. Il laisse plutôt entendre que les promoteurs seraient en droit de continuer à désobéir au règlement sur l’affichage parce qu’ils n’obtiennent pas satisfaction de la ville. Ce qui n’augure rien de bon, car c’est bien la mauvaise volonté et l’incivisme de certains promoteurs, plus que l’absence de ressources, qui s’avère la réelle cause de ce fléau. C’est cette culture qui doit changer.
Et la responsabilité de la Ville, c’est de s’assurer que la loi s’applique à tout le monde, et que le règlement sur l’affichage s’accompagne d’incitatifs légaux, administratifs et financiers conséquents pour faire cesser cet incivisme corporatiste. Sinon, il ne faudra pas se surprendre alors de voir la population perdre davantage confiance dans leurs institutions, avec le risque, pour citer Montesquieu, de la voir préférer à son tour l’impunité lorsque la peine est sans mesure.
Nicolas Garant
Terrasse Lakeview, Aylmer