LETTRE
L’enregistrement des armes permet de prévenir le suicide
Trois suicides sont commis chaque jour au Québec alors qu’il s’a-git d’une cause de décès évitable. L’une des mesures les plus efficaces pour prévenir le suicide est la réduction de l’accès aux moyens de s’enlever la vie, dont l’arme à feu. Ce moyen est extrêmement létal et n’offre que très rarement une seconde chance à la personne en détresse. La personne suicidaire ne veut pas mourir, elle souhaite cesser de souffrir. Non seulement sa vision des choses est troublée par sa souffrance mais elle est ambivalente face à la mort jusqu'à la toute dernière minute. La présence d’une arme à feu représente donc un risque majeur dans ces circonstances; elle amplifie l'impulsivité du geste et donne peu de temps aux proches et aux intervenants pour effectuer une intervention qui permettrait de sauver une vie.
La simple présence d’une arme à feu dans la maison multiplie par cinq les risques de suicide.
Le gouvernement a donc le devoir de règlementer l’accès aux armes à feu. D’ailleurs, les pays ayant un contrôle plus serré des armes à feu présentent un taux de suicide avec ce moyen inférieur aux pays qui n’en ont pas. Leur enregistrement permet de sauver des vies, car il a notamment pour effet de réduire le nombre d’armes en circulation. Il est démontré que moins il y a d’armes en circulation, moins il y a de suicide.
L’ensemble des mesures fédérales adoptées à la suite de la tuerie à Polytechnique, dont l’enregistrement de toutes les armes, ont été associées à une baisse phénoménale des suicides par armes à feu. Au Québec, nous avons constaté une baisse de 60 % des suicides par armes à feu entre 1995 et 2008, et ce, sans indice de substitution avec d’autres moyens.
Plusieurs personnes qui ont eu des idées suicidaires dans le passé sont avec nous aujourd’hui et vont bien. Ce n’aurait peut-être pas été le cas si elles avaient eu un accès facile à une arme à feu.
Pour ces raisons, nous appuyons sans réserve le projet de loi 64 sur l’immatriculation des armes d’épaule.
Jérôme Gaudreault
Directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide
Québec