Éditorial-collaboration spéciale
La grande division
Ça va vite, très vite... trop vite. Il me semble que partout où je me tourne, les gens que je rencontre tiennent tous le même discours : nous n’avons plus le temps de rien faire tellement nous sommes occupés. Et je ne parle pas seulement des parents; même les retraités que je croise me disent qu’ils ne comprennent pas où ils trouvaient le temps de travailler ! Est-ce moi, ou bien il y a quelque chose de malsain dans cette équation? Pis encore, on dirait que personne ne prend le temps de s’arrêter pour y réfléchir.
Pourtant, si on s’arrête, question de se tenir à l’écart de cette frénésie et de cette immédiacité qui s’est installée avec les « nouveau médias », nous sommes à même de constater que notre société est devenue méconnaissable. Sans verser dans cette litanie incessante qu’on nous sert que nous devons nous adapter au changements, force est d’admettre qu’il est évident que le « gros bon sens » a changé d’adresse pour être remplaçé par un nombrillisme (ou un je m’en foutisme) à outrance.
Toutes les technologies dites modernes, tel les ordinateurs, les téléphones intelligents et les tablettes qui nous proposent des sites web ou des médias sociaux destinés à nous donner l’impression d’être « cool », sont tous des acteurs qui promouvoient l’isolement et la division. Nous sommes contamment témoins de selfies, d’opinions à l’emporte pièce, de « repostages » d’articles que personne ne lit. On en vient à se demander ce que nous faisons avec toute cette information. Chose certaine, on ne s’en sert pas à bon escient, car il appert que c’est nous, qui sommes au service de la technologie. On se retrouve souvent avec 1000 amis Facebook, mais on ne connais même pas nos voisins !
Mais ce phénomène d’individualisme transcende plusieurs autres aspects de la société. Regardez simplement comment les gens conduisent un véhicule. La règle du « moi en premier » s’applique également sur la route. Jamais n’avons nous été témoins d’autant de négligence et d’un manque d’égard envers les autres conducteurs... au point de causer des accidents. Il en est de même avec notre seuil de tolérance : c’est une qualité en voie de disparition. « Au diable si mon voisin n’aime pas ma musique, ou le fait que j’aime faire des party chez moi; je vais le faire quand même ! ». On ne parlera même pas des différences de couleur, d’orientation sexuelle, de modèle politique ou de religion, car là, on coure un tout autre galop...
Et c’est justement en regardant tout ça qu’on est à même de conclure que ce qui divise les gens ne sont pas les différences d’opinions, les préférences individuelles, l’argent, le pouvoir ou encore, combien d’amis virtuels on a; la grande différence c’est ce qui sépare les gens qui ont l’humanité à cœur, et ceux qui s’en foutent complètement !