LETTRE
La pauvreté et l’itinérance, c’est assez !
Alors que l’itinérance se complexifie et augmente partout au Québec, le Collectif régional de lutte à l’itinérance en Outaouais (CRIO) et le Réseau SOLIDARITÉ itinérance (RSIQ) demandent un effort plus soutenu du gouvernement du Québec. Le dernier budget est nettement insuffisant pour combler les besoins créés par les années d’austérité dans l’ensemble des régions du Québec en matière de lutte à l’itinérance.
Encore cette année, des organismes ferment leurs portes faute de financement, des refuges et ressources d’hébergement d’urgence doivent refuser des personnes par manque de places, le travail de rue demeure absent de nombreuses municipalités, les banques alimentaires reçoivent de plus en plus de demandes et il demeure difficile de développer suffisamment de logements sociaux -- malgré l’adoption en 2014 d’un plan d’action ambitieux mobilisant 10 ministères, les municipalités et les organismes de prévention.
En Outaouais, le comité directeur intersectoriel en itinérance en Outaouais (CDIIO) doit adopter un plan d’action pour la région en juin prochain. Pourtant, nous savons déjà qu’aucun financement n’est prévu pour le déploiement de ce plan d’action. Ainsi, les actions prévues au plan d’action devront être issues à partir des ressources actuelles, déjà insuffisantes. Ce plan est d’avance voué à être un plan de gestion de l’itinérance plutôt qu’être un plan permettant de lutter contre l’itinérance. Lors de la parution de notre dernier bulletin de lutte à l’itinérance, le Noir sur blanc, nous avons dénoncé une culture d’industrie de la pauvreté qui s’organise au Québec et ce plan d’action sans moyens concret semble confirmer notre lecture des choses.
« Les priorités régionales sont claires ; construction de logement abordable et de qualité et de logements de transition, ouverture d’un centre de répit dégrisement, plus de travail de rue et de proximité et augmentation du soutien aux groupes œuvrant auprès des personnes vivant une réalité d’itinérance » stipule Lise Paradis, directrice du Gîte ami.
La Politique de lutte à l’itinérance indique que «Si l’itinérance n’est pas seulement un problème de pauvreté, elle est toujours un problème de pauvreté ». Ainsi, il importe de soutenir des interventions spécifiques, mais aussi de s’attaquer directement aux sources de la pauvreté. Le budget actuel manque cruellement d’audace en cette matière. Avec ses importants surplus, le gouvernement devait annoncer un plan de lutte à la pauvreté soutenue, rehausser immédiatement les revenus des plus vulnérables, s’attaquer à l’appauvrissement dû aux coûts grandissants des loyers et soutenir adéquatement les groupes communautaires ; il a plutôt concentré ses efforts sur la dette et les réductions d’impôts.
Alexandre Ranger (CRIO)
Mathieu Frappier (RSIQ)
Gatineau