EDITORIAL
Le camembert de la sénatrice
Avec l’affaire Duffy devant les tribunaux, nous allons beaucoup entendre parler du Sénat dans les prochaines semaines, ce club de privilégiés ayant obtenu leur siège suite à des nominations politiques partisanes et parfois en remerciement pour faveurs accordées. Mais je ne voudrais pas être trop cynique. Après tout, la nature humaine est comme cela. Gratte-moi le dos et je gratterai le tien. Cela démontre tout de même une certaine intelligence chez l’animal humain. Mais, comme on peut trop souvent le constater, cela peut facilement mener à des dérives.
Ainsi, les magouilles politiques et économiques sont souvent de cet ordre et malheureusement, c’est rarement dans l’intérêt commun.
Ce qui est le plus surprenant, c’est d’observer comment tous ces gens se considèrent souvent au-dessus de la loi et n’ont donc pas à être redevables à personne. Comme si leur position privilégiée était une destinée, un droit divin incontestable. Mike Duffy est en colère parce que l’on ose remettre en question son intégrité. Il réclamait des frais d’allocations pour habiter l’Ile-du-Prince-Édouard alors qu’il habite à plein temps à Ottawa depuis plus de 40 ans. Il n’était pas le premier à utiliser cette tactique. Les sénateurs Patrick Brazeau, Mac Harb et Pamala Wallin avaient fait la même chose.
Et puis, tout récemment, nous retrouvons la sénatrice Nancy Ruth qui est offensée parce qu’on la questionne sur ses frais de repas dans des vols d’avion où la nourriture est offerte gratuitement. Le mieux qu’elle trouve à répondre, c’est que le camembert était trop froid.
D’une certaine façon, je ne suis pas surpris de telles déclarations. Je crois que la sénatrice Ruth ne réalisait même pas l’énormité de ce qu’elle disait. Je pourrais être fâché qu’une sénatrice, grassement payée avec les impôts que l’on m’impose se permette de réclamer des frais de dépenses additionnels parce qu’elle n’apprécie pas le camembert qui lui est offert. Mais j’avoue être plutôt amusé.
C’est comme si ces privilégiés de la société devenaient déconnectés de la réalité. À un certain moment, ils
n’arrivent plus à faire la part des choses. Ils se retr observer de haut. Par un étrange revirement des choses, alors qu’ils devaient être dans une position de servir la population, ils se retrouvent à considérer que c’est la population qui doit être à leur service et les soutenir dans leur position de tribun et leurs caprices de bien nantis.
J’aurais bien aimé, de mon vivant, voir la disparition de cette institution qu’est le Sénat. À part les gros salaires et les énormes pensions que nous leurs payons et les dépenses injustifiées que trop d’entre eux réclament, j’ai de la difficulté à voir ce qu’ils contribuent pour les Canadiens.
Marcel Leclerc
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