LETTRE
Le contrôle des armes à feu ?
Nous, les étudiants du 21ème siècle sommes la première génération à avoir grandi dans l’ère des tueries de masse.
En 2007, à l’Université Virginia Tech, 33 morts. En 2012, à Sandy Hook au Connecticut, 20 élèves. En 2018, à l’École Stoneman de Parkland en Floride, 17. Les écoles canadiennes : la fusillade au Collège Dawson, l’École La Loche au Saskatchewan et celle à l’École Polytechnique de Montréal.
Cette violence nous touche directement et nous inquiète, car elle est de plus en plus présente dans nos rues, nos écoles et nos maisons. Cela fait quatre années consécutives que le taux d’homicides par armes à feu augmente au Canada, atteignant en 2017 son plus haut niveau depuis 25 ans.
Paralysés par la peur du puissant lobby des armes, nos politiciens persistent à ne pas légiférer et autorisent la vente légale d’armes d’assaut et de chargeurs à grande capacité.
Au lieu de prévention, ces politiciens répondent en privilégiant des « solutions ». Celles-ci cherchent à nous « préparer » au pire à l’aide d’exercices de confinement barricadé en cas d’irruption d’un tireur fou dans nos écoles. Depuis quand est-il devenu normal pour la société d’avoir à préparer ses jeunes à faire face à une mort violente dans leur lieu d’éducation?
Le 4 août en Ohio, un jeune homme de 24 ans muni d’une arme d’assaut et d’un chargeur de 100 balles a ôté la vie à neuf personnes et en a blessé 27 en l’espace de 32 secondes. S’il avait eu un chargeur avec une capacité maximale de cinq cartouches, par exemple, quatre vies au minimum auraient pu être épargnées.
Il est indéniable que le moment de la recharge représente une fenêtre de neutralisation. La disponibilité d’armes semi-automatiques est un facteur décisif lors d’une fusillade de masse, et limiter la capacité des chargeurs devient alors une composante cruciale dans le contrôle des armes à feu.
Au Canada, le nombre de cartouches pouvant être insérées dans un chargeur peut facilement dépasser la limite légale (5-10). Pourtant, des chargeurs de 30, 50 et 100 balles peuvent légalement être vendus et une simple vis bloque le nombre de cartouches à la limite légale. Cette vis cependant peut facilement être retirée, comme l’ont fait Bissonnette (Mosquée), Bain (Metropolis) et Bourque (trois agents de la GRC à Moncton).
Pourquoi alors permettre la vente d’accessoires si meurtriers? Les chargeurs détachables devraient tous être limités à cinq cartouches - sans altération possible.
En mars 2019, la Nouvelle-Zélande a vécu une tuerie dans deux mosquées provoquant la perte de 49 vies. En un peu moins de 7 jours, son gouvernement a pris la décision de rendre illégales toutes les armes d’assaut et chargeurs à grande capacité du pays.
Aucune mesure adoptée depuis ce jour n’aurait pu empêcher ce drame à Canada : le dépistage incomplet des candidats aux permis n’a pas été amélioré, et les chargeurs modifiables, armes de poing et autres armes assaut restent légaux malgré le souhait de la majorité des Canadiens de les interdire.
Le mouvement étudiant pancanadien « PAS_ICI / NOT_HERE » composé de 18 associations étudiantes et représentant 240,000 personnes a fait parvenir un questionnaire aux partis politiques fédéraux. Dès la réception de leurs réponses, nous serons en mesure d’informer les étudiants de tout le pays des positions et des promesses des candidats face à ces enjeux.
Alice Perié,
la Confédération au
Rayonnement des étudiants
en ingénierie du Québec
(CRÉIQ)
Montréal