LETTRE
Le droit de tirer sur les Tourterelles tristes
Le Service canadien de la faune (SCF), en donnant son feu vert aux chasseurs qui réclamaient depuis longtemps le droit de tirer sur les Tourterelles tristes au Québec, n’a pas agit de façon démocratique puisqu’il n'a pas consulter véritablement la population; la Tourterelle triste est un oiseau de mangeoires et nous devons sa relative abondance en bonne partie au fait que les citoyens les nourissent dans leur cour. La Tourterelle survie à nos hivers canadiens et reste désormais chez nous en hiver grâce à nos mangeoires. Par ailleurs, il ne s’agit pas d’une activité pour se nourrir au Québec; on souhaite la chasser pour initier les jeunes au sport de la carabine . . . toute une éducation à la nature. En outre, le SCF, avec ses 70 inspecteurs à travers le Canada, n’a aucun moyen de vérifier comment se pratique cette chasse. La chasse à la Tourterelle ne constitue pas non plus un apport au plan économique puisque le coût de l’équipement pour lui tirer dessus est à peu près nul. La Tourterelle triste n’est pas une nuisance pour nos agriculteurs non plus. En permettant cette chasse, on retire du menu de l’épervier de Cooper et d’autres oiseaux une source de nourriture importante; ces oiseaux devront se rabattre sur quelles autres espèces?
Une chose est certaine, la chasse à ce magnifique oiseau dans notre cour ne contribuera en rien à améliorer l’image que beaucoup de gens ont des chasseurs au Québec ou ailleurs. En 2016, dans un contexte où la faune ne peut plus supporter le poids des humains et où la biodiversité est en chute libre, la chasse devient de plus en plus une pratique difficile à justifier. En tirant sur nos oiseaux, les chasseurs ne font qu’élargir un fossé déjà passablement grand entre nous.
Enfin, si les chasseurs aimaient réellement la nature comme ils le disent, ils s’élèveraient contre une telle chasse. Je n’ai rien entendu d’eux pour l’instant, et vous?
Claire Charron
Groupe d’Intendance pour
le Martinet ramoneur en Outaouais
Aylmer-nord