LETTRE
----- Le projet de la Fondation Forêt Boucher et les chiens
Depuis la fin septembre 2020, depuis l'annonce du projet de la Fondation Forêt Boucher, mon quotidien et celui de mon chien a été complètement chamboulé.
Depuis 3 ans, je parcourais le même sentier dans la forêt Boucher. Avec le chien de mon colocataire et avec le mien. Chaque jour, nous y allions. Quand bien même que les moustiques nous dévoraient, que la pluie faisait ravage, nous étions toujours au rendez-vous. Rien de me faisait plus plaisir que de les voir tous les deux, Ed et Lupin, se pourchasser dans les sentiers ou se rouler dans la neige. Et même si nous arpentions toujours le même trajet, je me délectais chaque fois de la beauté du paysage. Durant l'hiver, tout devenait éblouissant, féérique. Si nous y allions le soir, c'était le calme environnant et la vue de la lune qui rendait le tout mystérieux et magique.
Cette perte-là, de ces moment si précieux, je l'exprime ici pour que les gens comprennent : qu'ils comprennent ce que ce changement implique dans ma vie et dans celle de tant d'autres gardiens de chiens. Qu'ils comprennent que des endroits réellement adaptés aux besoins des chiens et de leurs gardiens, on n'en trouve pas ou très peu. Et que même malgré les efforts du Club Canin, du groupe de la Mobilisation, de plusieurs gardiens de chiens, de la rédaction de notre mémoire, de nos courriels aux conseillers et à la Fondation Forêt Boucher, de nos propositions d'alternatives (horaires des sentiers, offrir seulement certains sentiers aux chiens sans laisse), aucune communication réelle n'a été possible pour entendre nos voix à ce sujet.
J'en ai vu tellement des gens dirent que les gardiens de chiens n'avaient pas le droit de toute façon d'aller dans la forêt Boucher avec leur(s) chien(s) sans laisse. Comme si cela était suffisant pour clore la discussion. Oui c'est vrai, il n'y a jamais eu de permission officielle. Je vous l'accorde. Mais je vous demande d'amener votre réflexion plus loin. Pourquoi tant de gardiens de chiens y allaient-ils alors? Parce que des endroits désignés qui subviennent réellement aux besoins des chiens et de leurs gardiens, on n'en trouve pas ou très peu. Alors qu'est-ce que les gardiens de chiens ont fait face à cette situation? Ils ont tenté de combler ces besoins, en catimini, reclus, dans un endroit peu achalandé. Sachant le Parc de la Gatineau très peuplé de randonneurs et de cyclistes et remplis de kilomètres de sentiers non accessible aux chiens sans laisse ou aux chiens tout court, ils se sont tournés vers la forêt Boucher. Je n'ai parcouru la forêt Boucher que pendant trois ans, mais selon ce que j'ai entendu des gardiens de chien qui la visitaient depuis une dizaine d'année, et même plus, la forêt était très peu populaire à l'époque. À dire vrai, plusieurs sentiers que vous pouvez maintenant utiliser aujourd'hui ont été créés par ces gardiens de chiens.
Alors vous pouvez continuer à blâmer et pointer du doigts les gardiens de chiens autant que vous voulez, mais la réalité reste la même : tant que les besoins de chiens et de leurs gardiens ne seront pas pris au sérieux, ils vont continuer à essayer de trouver des lieux méconnus de la population pour pouvoir aller marcher et faire courir leur(s) chien(s) librement. Ceci génère une situation avantageuse pour personne. Parce que les gardiens de chiens se retrouvent encore une fois à être des hors-la-loi et ceux qui n'aiment les chiens et qui en ont peur risquent de se trouver en leur présence contre leur gré et ce n'est pas ce que nous voulons. Alors pouvons-nous essayer de travailler ensemble pour vrai? De trouver des solutions qui nous accomoderons tous?
Caroline Lefebvre
Gatineau