------ Le réflexe de l'anglais
Merci à Blair Burchill d’avoir porté à mon attention l’article de Didier Périès dans le Bulletin du 2 septembre. Certainement l’arithmétique est implacable : si les anglophones refusent d’apprendre le français et de l’utiliser, et si les francophones parlent l'anglais volontiers, bientôt une seule langue sera indispensable pour avoir un emploi au Québec : l’anglais! Heureusement il y a des gens comme M. Burchill, qui ne sont pas là pour saper l’identité culturelle dans la seule province francophone du Canada en demandant d’être servis en anglais.
J’ai de l’empathie pour M. Burchill, parce qu’il y a 30 ans j’ai débarqué au Québec depuis la C.-B., avec une certaine connaissance du français, un gros accent anglais et une tendance à massacrer la syntaxe. C’est effectivement désolant, même blessant parfois, de se faire répondre en anglais lorsqu’on s’adresse à quelqu’un en français, dans une province que l’on croyait francophone. Selon moi, c’est un réflexe tout simplement. On m’a expliqué que cette tendance est enracinée profondément dans la culture de la région : que les presque 200 ans sous le joug des Anglais, période durant laquelle toute participation dans la vie économique passait par l’anglais, aurait créé un complexe d’infériorité qui perdure encore aujourd’hui. Dans les usines, les employés voulaient montrer au patron leur connaissance de l’anglais dans l’espoir d’une promotion. C’est sûr qu’on se pose des questions lorsqu’on se fait répondre en anglais par un francophone, mais si on leur demande pourquoi ils font ça, ils vont vous dire que c’est « par gentillesse ». À leur décharge, il faut aussi penser à toutes les fois où les francophones ont subi un glacial « Pardon me? » ou « Sorry, I don’t speak French » de la part des Anglophones vivant au Québec. Il ne faut pas se décourager. Je ne vous le souhaite pas, mais dans mon cas, même après avoir fait un BAC à l’université dans un programme francophone, et malgré une décennie dans un milieu de travail francophone, on virait souvent en anglais à la moindre hésitation, en raison de mon accent.
Continuez d’exiger qu’on vous parle français au Québec! Après tout, comme vous dites, en toute logique, si l’on voulait parler l’anglais, il y a 9 autres provinces pour le faire!
David Ostrosser
Aylmer