LETTRE
Le Trump nord ?
Suite à l’élection de M. Trump, on a vu aux États-Unis une augmentation des personnes et des groupes qui pensent qu’il est maintenant acceptable d’exprimer, en public, leur intolérance et leurs opinions racistes.
Malheureusement, cet alizé américain souffle dans notre direction. Dans l’édition du 9 novembre, le Bulletin d’Aylmer a publié une lettre d’un groupe qui s’appelle l’Équipe Autonomiste. Ce groupe prétend soutenir la lutte contre la soumission des femmes — en voulant les forcer à se soumettre à « un code vestimentaire » que ce groupe juge plus acceptable pour notre « société occidentale ». Ce n’est pas trop difficile d’imaginer que ce groupe, qui veut abolir tous les symboles religieux dans la sphère publique, pourrait cibler certaines religions plus fortement que d’autres. Et que dire de ces femmes qui ne se sentiraient peut-être plus à l’aise de travailler à l’extérieur de la maison ?
Dans l’édition du 16 novembre, les lecteurs du Bulletin d’Aylmer ont été soumis à une autre missive de vitriol, cette fois de la part de M. Jean-Paul Perrault. Selon le site web d’Impératif français, c’est « … un organisme culturel de recherche et de communication voué à la promotion de la langue française, de la culture d’expression française et de la francophonie ». Une belle mission, noble et nécessaire, mais d’après les lettres que j’ai lues depuis mon arrivée à Aylmer il y a cinq ans, j’ai l’impression que M. Perrault est une figure tragique que se lève chaque matin en cherchant le fantôme des maudits anglais dans son bol de Cheerios. Dans sa dernière lettre, M. Perreault s’indignait de la possibilité que l’Université McGill puisse offrir l’occasion à nos jeunes de faire des études en médecine en Outaouais pour la simple raison qu’ils devraient suivre une partie de leur formation en anglais! Serait-ce vraiment la fin du monde?
J’avoue que c’est possible qu’il existe une cabale secrète d’anglophones montréalais qui contrôle le gouvernement Couillard et qui veut éradiquer la langue de Molière de cette province. Mais… je crois que c’est beaucoup plus probable que la construction de ce campus créerait de l’emploi dans notre région ; que ce campus médical attirerait des étudiants d’autres régions ; que les étudiants qui fréquenteraient ce campus recevraient une formation médicale de qualité d’une institution québécoise reconnue mondialement ; que plusieurs de ces nouveaux médecins resteraient dans notre région ; et que ce campus offrirait des services essentiels aux gens de l’Outaouais.
Oui, McGill est une université anglophone. Mais, quand j’étais étudiant à McGill, environ la moitié des élèves dans mon programme d’étude étaient francophones. Ça donne l’occasion de développer ses compétences dans une deuxième langue (un atout plutôt qu’un défaut) et, à McGill, les étudiants de plusieurs programmes ont le droit d’écrire leurs épreuves de synthèse en français, s’ils le veulent.
J’espère que mes concitoyens ne se laisseront pas emporter par l’alizé américain et que nous demeurerons une communauté ouverte, respectueuse et accueillante pour tous et que nous verrons dans la diversité culturelle et linguistique des occasions de nous enrichir à tous les niveaux.
Graham Gauthier
Aylmer Nord