---- Les démantèlements des camps de fortune
Depuis 5 ans, les organismes communautaires en itinérance soutiennent et défendent les campeurs.ses en situation d’itinérance à Gatineau à chaque démantèlement. Nous sommes préoccupés par les effets dévastateurs de la stratégie de la ville de Gatineau de détruire ces campements. Nous questionnons l’engagement du gouvernement provincial dans le dossier puisque le plan de lutte à l’itinérance découle d’impératifs provinciaux. S’il relègue le dossier dans la cour du municipal, il doit aussi répondre de son inaction pour les infractions aux droits de la personne causées par la démarche des autorités municipales et sanitaires, dont le CISSSO.
Cette approche est contraire à l’intérêt des personnes sans-abris et relègue les organismes en itinérance à un rôle simplement consultatif, faisant ainsi un pied-de-nez à l’expertise clinique et sociale qu’ils ont développés au cours des années. Les démantèlements répétés sont contraires à une quelconque optique de réinsertion, d’accompagnement et d’assistance à des personnes dans le besoin.
L’aveuglement volontaire de la Ville et du CISSSO ne tient qu’à la résilience des plus vulnérables d’entre-nous et les laisse pour compte. Est-ce que la Ville et le CISSSO seraient prêts à repousser les limites de l'inacceptable en maintenant cette stratégie de démantèlement au cours de l’hiver ? Ces derniers doivent faire un examen de conscience et, du moins en partie, accepter la responsabilité de multiples complications menant, dans certains cas, à des décès en raison de leur entêtement. Il est temps de changer de stratégie avant que d’autres personnes y laissent leur peau.
Nous avons posé une question au dernier conseil municipal et la réponse de madame Amyot reste centrée sur des impératifs politiques et, en détournant nos questions, nous laisse croire à un désaveu inacceptable envers, d’une part, les organismes communautaires en itinérance, d’autre part, les études qui démontrent les conséquences graves qu’engendre une approche coercitive sur des personnes qui vivent des enjeux de nature psycho-sociale et de désaffiliation sociale.
Pour reprendre votre tournure de phrase, madame Amyot : Expliquez nous par quelle pensé magique vous imaginez que les problèmes dont vous avez énuméré, soit violence, consommation et insalubrité, vont se régler lorsque vous ajouter des éléments de violence psychologique, économique, émotionnelle par des démantèlements répétés ? Il n’y a rien de novateur ou même structurant dans cette approche. Étiez-vous présente lors des démantèlements cette année ? Venez au prochain démantèlement afin de venir assumer mots pour mots la réponse que vous nous avez donnée.
Nous n’exigeons rien de moins que : La reconnaissance que la pauvreté et l’itinérance sont des problèmes de nature systémique ; La reconnaissance des expertises en itinérance des organismes communautaires en les invitant sur les comités décisionnels et non seulement consultatif ; Une participation des personnes sans domicile fixe dans les processus décisionnels ; Une révision des règlements municipaux concernant le maintien de la paix publique et de leur application dans une optique inclusive et non répressive;
Un engagement dans la mise en place de logements transitoires, ect.
Pierre-Luc Baulne, Association pour la Défense des Droits Sociaux de l’Outaouais
Gatineau