LETTRE
Lettre ouverte au Ministre des Pêcheries et des Océans
Monsieur le ministre Dominic Leblanc
C’est avec un intérêt très particulier que j’ai pris connaissance du nouveau règlement que vous vous proposez de soumettre au Gouverneur en conseil en vue d’assurer la conservation écologique dans le chenal laurentien. Les explications jointes au texte du projet du règlement, telles qu’elles paraissent dans la Gazette du Canada, font valoir que cette initiative fait partie de l’effort que le gouvernement veut consentir en vertu des obligations que lui impose la Convention Internationale sur la Biodiversité, relativement à la santé des océans. Cette action ne peut que faire se réjouir tous ceux qui, comme moi-même, désirent ardemment que la mer -- ainsi que toutes les populations humaines et animales qu’elle nourrit et soutient – soit protégée contre les périls qui sont en train de détruire son ancienne pureté et faire dépérir ses habitants.
Ceci dit, il y a lieu de demander si le nouveau règlement, tel qu’il est présenté, servira à réaliser son projet écologique. À l’intérieur de la zone de protection marine (ZPM) qu’il définit pour le chenal laurentien, il permet, sous réserve de certaines contraintes, le forage exploratoire des compagnies pétrolières et gazières. Il est vrai que ce forage serait interdit dans les deux zones de protection centrales (ZPC), et que, selon le texte des explications, son importance serait limitée dans les deux autres sous-zones dites zones de protection adaptatives (ZPA). Le fait demeure que le forage présente un risque pour les espèces marines, et on remarque, à la lecture du texte explicatif, que ce sont les compagnies pétrolières et gazières qui ont demandé que la superficie des ZPC, telle que définie au début des consultations, soit réduite. Il est donc évident que les compagnies envisagent la possibilité que les couches sédimentaires seront, à la longue, plus rentables qu’au présent, et qu’à l’avenir l’activité exploratoire à l’intérieur des ZPA va s’intensifier. On doit conclure que la permission d’entreprendre le forage qui est accordée dans le project de réglement ouvre la voie, à la longue, à un conflit entre le rôle écologique de la zone de protection marine et son utilisation comme une source de matières énergétiques.
Je ne parlerai pas ici de l’impact éventuel de l’exploration sismique, qui sera permise dans toute la zone de protection marine pendant huit mois de l’année. Il semble assez évident que les autorisations contenues dans le projet de règlement ne sont pas, en fin de compte, compatibles avec les objectifs énoncés dans le texte explicatif, et par conséquent, je vous prie d’entreprendre la révision de ce document, en consultation avec l’ensemble des intervenants que vous avez déjà consultés.
Noel Gates
Gatineau (Aylmer)