LETTRE
Loterie-santé à l’urgence de Hull
J’ai eu le bonheur (euphémisme) de participer à la loterie-santé de l’urgence de l’hôpital de Hull récemment. Pendant douze heures d’attente. Avant de gagner l’accès à un médecin. Formidable expérience dont j’aimerais partager avec vous quelques-uns des moments forts de cette super loterie.
À mon arrivée, seulement quatre patients assis dans toute la salle. Ô bonheur ! Quatre heures de l’après-midi : au pire, dans deux heures je devrais être sorti d’ici. Grossière erreur ! C’était sans compter qu’à partir de l’étape du triage, je devenais l’otage de la loterie-santé de l’urgence. Insidieux système qui, une fois qu’il vous a classé priorité un, deux ou que sais-je, selon vos bobos (on se garde bien de vous en aviser, ça fait partie du suspense), vous expédie en salle d’attente. Là, vous concourrez maintenant avec tous les autres concurrents malades qui s’entassent autour de vous. Prix à gagner : accéder à un médecin. Bonne chance avec la loterie-santé de l’urgence.
Sentez-vous confortablement installer sur d’horribles chaises au vinyle lacéré et usé. Sentez-vous bien aise de vous distraire : la télévision haute perchée ne fonctionne pas et sa jumelle vous repasse en boucle la même demi-heure des mêmes Gags Juste pour rire. Qu’à cela ne tienne, c’est l’austérité, non ? Sentez-vous bienvenu de deviner les noms des rares gagnants, que crachote parcimonieusement un micro des années 20, envoyés aux salles d’examen.
C’est là toute la beauté de cette loterie-santé : vous ne savez jamais si votre nom se retrouve en haut ou en bas de la pile. D’où votre attente ad infinitum. La loterie-santé de l’urgence de Hull joue avec votre nom… comme avec un Yo-Yo, au fil d’interminables heures. Loto-Max ? Pourquoi gaspiller votre argent ? La loterie-santé de l’urgence ne vous coûtera qu’une dizaine d’heures ou plus de patience… si vous êtes chanceux, bien sûr.
Francois Brisebois
Aylmer, Gatineau