LETTRE
Manque de financement de la santé en Outaouais
La nouvelle PDG du CISSSO, Mme Josée Filion, a fait une sortie publique la semaine dernière sur les trop nombreux rapports de coroners qui ont affligé les hôpitaux de l’Outaouais. De façon surprenante, Mme Filion refuse de reconnaitre que le manque de financement en est la cause la plus importante.
Dans l’étude de l’IRIS commandée par Équité Outaouais en août 2018, le chercheur Bertrand Schepper a pourtant documenté un manque très important de financement du système public de santé de notre région. L’Outaouais recevait en santé 1 938 $ par habitant. La moyenne québécoise était de 2 569 $. Nous n’avons que 75.4 % du financement moyen, alors que le Bas-St-Laurent reçoit 116 % du financement et le Saguenay Lac-Saint-Jean 106 %. Voici d’autres comparatifs : santé physique, en Outaouais 694 $/habitant, au Québec 942 $; santé mentale, Outaouais 118 $, au Québec 155 $; autisme en Outaouais, 94 $, au Québec 121 $; administration en Outaouais 112 $, au Québec 162 $.
Le CISSSO laisse à penser que les mauvais résultats et les erreurs relevées par les coroners seraient dus à un manque de rigueur, de professionnalisme et de contrôle. Que fait la direction du CISSSO pour solutionner les difficultés en para-cytologie alors que plus de 2 000 échantillons de selles sont en attente d’une analyse? Les délais trop longs pourraient entraîner un retard de diagnostic, voire la destruction d’échantillons. Le CISSSO a aussi pris la décision de procéder au déménagement du département de microbiologie de l’hôpital de Hull vers l’hôpital de Gatineau, une décision qui engendre des délais de réaction en chirurgie (un spécimen prélevé pendant une chirurgie et devant être analysé pendant la chirurgie doit être acheminé de l’hôpital de Hull en taxi à l’hôpital de Gatineau). Le transport des échantillons est fait au moins 2 fois par jour, sans compter les urgences médicales au coût de 40 $. Où est la responsabilité professionnelle des administrateurs du CISSSO?
Nous soulignons également le taux de roulement du personnel trop élevé. Il y a eu 1 500 départs du CISSSO depuis un an. Cet exode exige un effort important pour former tous les nouveaux professionnels qui arrivent. Cela crée de l’instabilité et une perte d’expertise majeure. Il y a une exigence de temps supplémentaire, ce qui met une pression indue sur le personnel déjà surchargé, multipliant du coup les risques d’erreurs.
Nous dénonçons le manque de ressources financières, humaines, et matérielles qui expliquent les difficultés du CISSSO. Nous revendiquons des ressources à la hauteur des impôts que nous payons pour être traités de façon juste.
Gilles Aubé, médecin de famille
Gatineau