Nouvel hôpital en Outaouais : le choix du site Asticou vivement critiqué
Tashi Farmilo
Le gouvernement provincial a annoncé que le futur Centre hospitalier affilié universitaire (CHAU) de 600 lits attendu en Outaouais sera érigé sur le site du centre Asticou, et qu'un point de service additionnel sera bâti au centre-ville de Gatineau. Le projet se voit modifié afin de mieux correspondre aux attentes et aux besoins de la population de la région et de se réaliser dans les meilleurs délais pour une mise en service plus rapide.
Le site du centre Asticou a été retenu puisqu’il présente les meilleures conditions pour accueillir le projet, notamment en ce qui a trait à son emplacement géographique stratégique, étant situé à proximité des cégeps, des écoles et des services, et à sa grande accessibilité par le transport en commun.
Le ministre Dubé est d’avis qu’il s’agit d’un choix judicieux. « On s'est assuré que le projet du centre hospitalier de l'Outaouais puisse offrir le plus rapidement possible aux citoyens un hôpital qui répond à leurs besoins et qui est en adéquation avec la réalité clinique et démographique actuelle », a-t-il indiqué. « L'accessibilité des services demeure au cœur de nos efforts en matière de santé, comme on s'y est engagé avec le Plan santé. La nouvelle mouture du projet reflète cette nécessité de doter les Québécois des infrastructures de santé les mieux adaptées à leurs besoins ».
Par ailleurs, outre la construction du nouveau centre hospitalier, le projet vise l'acquisition d'un immeuble au centre-ville de Gatineau en vue d’y regrouper certaines activités cliniques à haut volume, dont certaines étaient initialement prévues dans le complexe hospitalier. On y trouvera notamment un centre de prélèvement et de vaccination, plusieurs services de première ligne et les laboratoires OPTILAB. Ce centre sera ouvert et accessible à la population dès 2026. L'immeuble faisant l'objet d'une promesse d'achat est situé au 70, rue Crémazie, un endroit central facilement accessible pour la population, notamment par le Rapibus. Le ministre responsable de la région de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, a exprimé son enthousiasme quant à l'orientation du projet : « Je suis fier de faire partie d'un gouvernement qui a pris à bras-le-corps la problématique de sous-financement dans les soins de santé en Outaouais.
Nous sommes les seuls à présenter un projet structurant pour notre région. Ce projet grandement attendu a évolué dans la bonne direction. Je me réjouis que le centre-ville de Gatineau puisse bénéficier rapidement d'un accès privilégié à certains services avec l'acquisition d'un immeuble situé au cœur de la communauté. Notre gouvernement se montre à l'écoute des besoins de l'Outaouais. Cette bonification du projet en témoigne, comme elle témoigne aussi de l'agilité de nos équipes sur le terrain, une agilité qui contribue à faire bouger les choses, au bénéfice des citoyens ».
Le projet du nouveau centre hospitalier de l'Outaouais a dû être revu à la suite d'études techniques qui ont déterminé que le terrain initialement retenu ne pouvait recevoir un projet d'hôpital. Ces études ne pouvaient être faites avant la sélection du site, car elles nécessitaient l'autorisation des propriétaires visés.
Les études ont démontré une présence importante de biogaz, possiblement impropre à la construction d'un hôpital, conclusion qui ne pourrait être obtenue qu'après avoir commencé les travaux de construction, un risque jugé inacceptable par le gouvernement. Ce facteur de risque, ajouté à la complexité des travaux de déconstruction et de construction, les expropriations plus nombreuses qu'anticipé et la difficulté de relocaliser les entreprises visées, entre autres, ont incité le gouvernement à chercher une autre option.
« C’est une grande fierté pour nous de voir ce projet d'hôpital prendre forme de manière plus tangible. On sait maintenant où il sera situé, en plein cœur de la communauté outaouaise », s’est réjouie la députée de Hull, Suzanne Tremblay. « Ce gain d'accessibilité pour les services de santé et les services sociaux va améliorer de manière durable la qualité de vie des citoyens. Je remercie tous les partenaires qui ont contribué ensemble à faire franchir ce nouveau pas à ce projet porteur pour notre région ».
Cependant, le site choisi est loin de faire l’unanimité. La Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable en Outaouais (CCHADO) et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) déplorent le manque de vision liée à cette annonce et doutent de la capacité de réalisation du projet sur ce site. « Des choix arbitraires ont été faits, ce qui a eu pour effet d’exclure des sites idéaux proposés par la Coalition, des sites qui respectent en tous points les orientations gouvernementales. On a manqué l’occasion de faire preuve de vision et d’aller au-delà des processus traditionnels pour montrer l’exemple.
Nous ferons les frais de cette décision pour des générations à venir », a déclaré le directeur général de MOBI-O et porte-parole de la CCHADO, Patrick Robert-Meunier. La CCHADO et l’AQME font état d’enjeux majeurs en ce qui a trait au choix du site Asticou, notamment l’impact de cette nouvelle infrastructure sur la faune et la flore, les coûts importants de mise à niveau des infrastructures publiques et de transport imputables à la municipalité, l’accès des ambulances au site, le manque de services à proximité, ainsi que l’impact potentiel de la localisation excentrée sur l’attractivité et la rétention de la main-d’œuvre. « Pour une infrastructure qui doit bénéficier à la communauté, nous constatons que nous n’avons pu contribuer à la discussion sur le site malgré nos tentatives. Aujourd’hui, on annonce un projet pour la communauté, mais on l’a fait sans elle », déplore Benoit Delage, membre de la CCHADO.
L'AQME a également fait part de ses préoccupations sur le plan environnemental. Sa présidente, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, déclarait cette semaine que « construire un hôpital, ça n’arrive pas souvent [et que c’est] une opportunité en or à saisir pour montrer l’exemple en matière de développement durable et de réponse aux valeurs que la population souhaite voir de la part du gouvernement ». L’AQME prône le choix d’un site qui favorise la carboneutralité ainsi que les transports collectifs et actifs. Or, malgré toutes les voix qui se sont élevées depuis l’annonce de sa décision, le gouvernement provincial demeure convaincu que le site du centre Asticou est tout désigné pour accueillir le futur CHAU.
Légende photo : Le gouvernement du Québec a annoncé que le futur Centre hospitalier affilié universitaire (CHAU) attendu en Outaouais sera érigé sur le site du centre Asticou, et qu'un point de service additionnel sera bâti au centre-ville de Gatineau, une décision saluée par certains, et décriée par d’autres.
Crédit photo : Gracieuseté de Parcs Canada
Trad. : MET