LETTRE
Pathétique le CH
À l’Oscar du mauvais goût, l’organisation du Club des Canadiens de Montréal a remporté la statuette dernièrement lors du premier match au Centre Bell. Cette organisation nous avait habitués au mensonge et à l’exagération. Mais là, avec cette passation mélodramatique du flambeau des mains de Jacques Demers en fauteuil roulant au capitaine de l’équipe, il fallait le faire.
Dans une ambiance d’opéra wagnérien (avez-vous remarqué les visages tragiques des joueurs, probablement commandés par la direction marketing pour la circonstance), au glas des tambours battants, un Jacques Demers à peine remis d’un ACV tendait le simili antique flambeau olympique en résine à Max Pacioretty. Wow! Pas grandiose ça? Et tous les journalistes sportifs, veules et obséquieux, de gloser à n’en plus finir sur la beauté du geste le lendemain. Pas un seul pour oser dénoncer le pathos d’une prestation proche du freak show. Les freak shows; vous vous rappelez? Ces stupidités dégradantes supposées nous faire rire à gorge déployée que l’on faisait réaliser à l’écran à des personnes handicapées.
Outre l’utilisation éhontée d’une personne malade ici (Eh oui, L’UTILISATION!), il faut être naÏf ou partisan aveugle pour croire que les joueurs, ces millionnaires sur deux lames, ont pu vibrer à cette mascarade à laquelle ils ont dû se prêter. Le flambeau et les bras meurtris! Vous pensez qu’ils en ont quelque chose à cirer nos hommes d’affaires joueurs de hockey? Performer le plus possible, en lançant la rondelle le plus souvent dans le filet et s’assurer d’un contrat plus juteux l’année suivante : voilà ce qui les intéresse. Le reste : la beauté du sport, la Sainte Flanelle, Maurice Richard, le Forum… Who cares?
Quel autre excès marketing au goût douteux frisant le mélodrame la direction marketing du CH nous concocte-t-elle déjà pour satisfaire ses partisans et engranger davantage de fric sur leur dos?
Francois Brisebois
Aylmer, Gatineau