LETTRE

Pensées de l’hiver 

Les éditoriaux peuvent porter sur de nombreux sujets, certains plus immédiats que d’autres, mais leur pertinence a beaucoup à voir avec l’espace et le temps - où nous sommes et à quelle époque. Dans cet esprit, et étant donné que nous sommes dans la saison des dénouements, mon espace éditorial a été réquisitionné par de tristes nouvelles données récemment à un membre de notre famille par son médecin. Toute notre famille a été dans la tourmente, comme le serait chaque famille. Et il y en a beaucoup qui font face à cette réalité tous les jours. C’est à eux, ainsi qu’à ma propre famille, que je dédie l’éditorial inhabituel ci-dessous. 

Notre religion, notre éducation, nos sentiments communs et nos croyances nous permettent également de « comprendre » la fin de la vie. Les plus simples ici s’ajoutent évidemment aux vues officielles et établies. Ce ne sont pas des arguments. 

Le mystique Rumi a écrit sur ce qu’il a appelé « la science de la pauvreté »; la pauvreté, c’est-à-dire notre condition humaine face au cosmos qui nous entoure. A partir de là, me viennent les pensées suivantes. 

Et bien alors, tue

Ce veau d’or de ton ego

Tu t’envoleras!

*

Ton corps est fini

Un autre toi veut naître

Un toi bien plus vrai.

*

Mourir c’est un peu

Plonger dans des lacs sans fond

Vers le paradis.

*

Nos vies, passages,

Passerelles qu’on traverse,

Chacune une vie.

*

Tu meurs, tu deviens 

Mineur. Va donc chercher l’or

Tu le trouveras.

Pour l’amant vrai

La mort est peu différente

De rester ici.

*

Le monde qu’on voit

N’est pas mieux qu’un jeu plaisant

Qui veut nous tenir.

*

Ne peut pas germer

Graine restée dans le fruit

Jamais de repos.

*

Pas de souvenirs

Des bribes, rien, aucun

De la vie d’avant.

*

On devra mourir

S’évader des passées

À recommencer.

Faut pardonner

À soi, le plus déchirant

Avant de partir.

*

À force de tenter

De devenir surhumain,

On devient homme.

*

Arrête-toi donc 

D’attendre. Cette vie est

En train de passer.

*

Que tu sois ici

Ou bien dans un autre ailleurs

Que ton âme y soit.

Fred Ryan & Lionel Tessier