« Projet écologique »

Un développement résidentiel et commercial pourrait-il voir le jour dans la forêt Boucher?

La société de développement immobilier Regional Group a élaboré un projet préliminaire pour ses terrains dans la forêt Boucher. Regional est propriétaire de grands terrains le long du chemin Vanier, au nord du boulevard des Allumettières, ainsi qu’un grand terrain au centre de la forêt. Selon son site Web, la société ottavienne a imaginé un projet résidentiel écologique et un parc d’affaires dans la forêt.

Le concept de « quartier écologique » n’est pas étranger à Aylmer. Il y a quelques années, la Ville avait approuvé ce type de quartier dans le quartier Connaught, le long du chemin Aylmer.

« Le Regional Group a depuis longtemps un projet domiciliaire de nature écologique dans ses cahiers depuis des années, mais ce n'est pas une priorité pour l'instant », dit Richard Bégin, conseiller de Deschênes, « Il était faux, il y a environ 4 ans, d'annoncer en grande pompe que la Forêt Boucher était protégée à tout jamais. »

De concert avec la Fondation de la forêt Boucher, Gatineau avait tenté de protéger cette forêt au cœur de l’ouest de Gatineau. À l’époque de l’administration Bureau, le conseil avait changé le zonage de la majeure partie de la forêt Boucher – zone « X », qui veut dire pour aménagement différé.

Malgré ce qu’en disaient les politiciens, cela impose certaines restrictions sur la construction, mais ne protège pas la forêt puisqu’il est toujours possible de développer certains terrains. D’ailleurs, des lots dans la partie nord-ouest portent un zonage H, ce qui indique la possibilité de construction résidentielle. Depuis ce temps, l’idée de protéger la forêt au grand complet semble avoir été oubliée.

« En fait, au cours des trois dernières années, la Ville de Gatineau a acheté certains lots de promoteurs privés et c'est ce qui fait qu'on possède maintenant une partie beaucoup plus importante de la forêt, notamment à l'ouest du tracé de l'autoroute Deschênes qui, lui, appartient au MTQ. La Fondation de la Forêt Boucher et la Ville continuent leurs efforts pour consolider au maximum cette forêt qui, de toute manière, comporte des zones écologiques sensibles, donc non développables », a précisé M. Bégin.

Le conseiller de Lucerne, Mike Duggan s'inquiète qu’un jour un promoteur puisse développer dans la forêt.

« Dans le plan d’aménagement de la ville, une partie de la forêt est prévue pour du résidentiel – et elle est située dans le périmètre urbain; alors, ça va se produire un jour ou l’autre. »

Toutefois, le plan d’aménagement du territoire récemment adopté identifie la forêt Boucher comme « éco-territoire » (tout comme le lac Beauchamp dans l’est de la ville). Un éco-territoire est un endroit où l’empreinte écologique sera restreinte et où les les habitats naturels d’intérêt seront protégés.

Dans le cas de la forêt Boucher, la Ville a comme objectif de créer un nouveau parc municipal couvrant 75% du périmètre délimité par les axes Antoine-Boucher, Vanier, Allumettières et l’emprise d’Hydro-Québec. Le plan laisse entendre que la Ville considère la création du parc de la forêt Boucher d’ici 5 à 10 ans au coût estimé de 5 millions $. La province aussi protège certains habitats.

« La Fondation de la forêt Boucher, les services municipaux et moi-même continuons de surveiller l’ensemble de la situation pour protéger la forêt », ajoute le conseiller Bégin.

Adrian Corbo, président de la Fondation de la forêt Boucher, sait que le zonage permet le développement, mais il insiste pour dire que le but de la fondation demeure la protection de l’ensemble de la forêt. « Nous travaillons avec la Ville dans ce sens », ajoute M. Corbo.

La Ville peut acheter des terrains et faire des échanges de terrains. En 2015, la Ville avait été forcée d’acheter des terrains dans la forêt Boucher après avoir été poursuivie par des promoteurs pour « expropriation déguisée ». La Ville avait réglé l’affaire hors cour en achetant des terrains pour un total de plus de 4 millions $.

Regional Group n'a pas donné suite à notre demande d’entrevue.     (Trad.: CB)